Une Maladie Morale
ré Chénier.
la direction que lui avaient imprimée Rousseau et ses
Loaisel de Tréogate. Cet écrit prétentieux ne contient rien qui justifie vraiment son titre. Mais il faut prêter plus d'attention à un autre livre de
u'il paraissait devoir à une mère d'origine allemande. Cette tendance avait pu s'accro?tre dans sa première jeunesse, car il avait vécu à Strasbourg près de ce groupe de jeunes gens enthousiastes et rêveurs dont parle G?the, et dont, encore jeune lui-même, il était alors le centre. Son instinct l'avait ensuite poussé ver
el l'auteur s'adresse à la mémoire de ce désespéré, avec une effusion de sympathique commisération: ?Malheureux Lenz, innocente victime, tu n'a pas voulu poursuivre une carrière hérissée de tant de ronces, et dédaignant le repentir tardif des méchants qui t'avaient re
faut, sont malheureux en amour, et chacun d'eux a de fortes raisons de se plaindre de sa destinée à cet égard. Heureusement
mort si désirée, dans des antres ignorés, dans des lieux où l'?il des hommes ne me retrouvera plus.? Le projet de se donner la mort ainsi con?u dans son esprit, s'y fortifie vite, et, malgré les efforts de ses amis, il le met à exécution. On le voit errer ?dans une sombre forêt de sapins, sans chapeau, les cheveux sur le visage, l'habit en désordre, deux pistolets à la ceinture.? Il s'assied au pied d'un arbre et se livre à un long monologue sur sa fin prochaine, puis ?il cache sa tête dans ses mains et gémit sourdement.? La dernière scène nous le montr
briser. Chose plus grave encore, il a joint le sophisme à la faiblesse en prétendant faire de Dieu même le complice de son ?uvre
ingulière figure, tout en y reconnaissant des beautés, la comparait au chaos des pièces anglaises. En tout cas, je ne sache pas que ses admirateurs eux-mêmes aient jamais été tentés de la
écontent, au se
e l'amour, à mes
t l'onde et l'om
élas! mon c?ur n
ité niaise, qui trahissent dès le premier abord, un contrefacteur sans inspiration et sans go?t.? On peut citer, dans cette veine plus abondante que précieuse, le Nouveau Werther, imité de l'allemand par le soi-disant marquis de Langle (1786) et le Saint-Elme de Gorgy (1790). Nodier qualifie ce dernier écrit de pale et insignifiant, et quant au premier, il le définit un Werther ?enthousiaste de tête qui aurait br?lé le papier, si on le br?lait avec des mots, mais dont l'ame appara?t, froide et inanimée, à travers l'expression factice de ses phrases retentissantes, comme l'échafaudage de
u lettres écrites de Lauzanne (1786), un certain précepteur anglais, d'un sérieux prématuré et d'une tristesse mystérieuse, qui gémit sur un malheur qu'il n'a pas eu le courage de prévenir. Ce même roman, dans son ensemble, a paru porter la trace des souffrances intimes et des découragements de l'auteur. Le même sentiment appara?t aussi dans un autre
aiment et cherchent la solitude. On s'accoutume à tout, même à souffrir; mais cette funeste habitude vient d'une cause bien sinistre: elle vient de ce que la souffrance a fatigué la tête et flétri l'ame. Cette habitude n'est qu'un total affaiblissement: l'esprit n'a plus assez de force pour peser chaque chose et l'examiner sous son point de vue, pour en appeler à la sainte nature primitive, et attaquer de front les dures et injustes institutions humaines... Voilà ce que c'est que s'accoutumer à tout, même à souffrir. Dieu préserve mes amis de cette triste habitude!... Je suis livré à moi-même, soumis à ma pesante fortune et je n'ai personne sur qui m'appuyer: Que l'indépe
ce pas là précisément le procédé de l'école mélancolique? Mais le jeune Bonaparte s'y rattachait encore par un c?té plus facheux. Avant d'avoir sérieusement commencé l'épreuve de la vie, il en était fatigué, et ne voyant aucun intérêt digne de l'y rattacher, il songeait, comme il y songea, dit-on, plus tard, dans le désastre de sa fortune, à mettre un terme à ses jours. Une note écrite par lui, le 3 mai de l'année 1788, retrouvée dans les papiers du cardinal Fesch, et publiée en 1812, contient ce passage: ?Un jour au milieu des hommes, je rentre pour rêver en moi-même, et me livrer à toute la vivacité de ma mélancolie. De quel c?té est-elle tournée aujourd'hui? Du c?té de la mort. Dans l'aurore de mes jours, je puis encore espérer de vivre longtemps et quelle fureur me porte à vouloir ma des
suicide exer?ait ses ravages. Mercier, dans son tableau de Paris (1781-1790), signalait ce fléau. Il n'a point établi s'il tenait aux senti
manifestent un malaise profond, un trouble douloureux. On entend s'élever partout un murmure attristé. Une philosophie vague, des aspirations indécises et inconsistantes, un besoin de nouveauté et de para
go?t de la jeunesse de son temps, se passionnait pour le grand poète anglais dont il analysait, dans Wilhelm Meister, la belle création d'Hamlet; c'est ainsi que G?the encore ne trouvait rien de mieux pour inspirer à son Werther des idées de mort, que de lui faire relire avec son amie quelques-un