Une Maladie Morale
ouis XIV.-J
et ses
ermes n'en sont pas détruits; un ?il attentif les découvre même sous Louis XIV. Bien qu'avec le grand roi l'ordre et la discipli
eur on ait la liberté.? Les aper?us de Larochefoucauld sur l'homme révèlent une philosophie morose. Mais c'est chez un autre écrivain du même temps que la souffrance morale se révèle avec le plus d'intensité. Malgré son désir de se soumettre aveuglément, en dépit de ses efforts pour conserver la foi, Pascal est en proie au doute, aux agitations vagues, aux terreurs sans caus
ypes connus de la première moitié du siècle, à de véritables portraits de famille dont la place est na
?u, il avait tout senti.? Il atteint le seuil de la jeunesse ?inquiet, mécontent de tout et de lui, dévoré de désirs dont il ignorait l'objet, pleurant sans sujet de larmes, soupirant sans savoir de quoi.? Le monde de l'imagination se substitue pour lui à la réalité; et n
pétit dans mon c?ur.? Quant à Thérèse, il ne l'a jamais aimée. Une fois cependant, il croit avoir éprouvé la passion. Mais cet amour unique, de quoi se composait-il? Rousseau, seul à l'Hermitage, avait peuplé sa solitude des fant?mes de femmes dont il avait gardé le souvenir. ?Dans ses continuelles extases, il s'enivrait à torrents des plus délicieux sentiments qui soient jamais entrés dans un c?ur d'homme.? Sous l'influence de ces songe
rency, l'?le de Saint-Pierre, Ermenonville, sont illustrés par ses retraites. Il y employait ses heures à des excursions dans les li
homme qui s'est dévoué à l'oisiveté.? Vainement il avait cherché d'abord à se le dissimuler à lui-même, il y avait en lui un esprit de liberté que rien n'avait pu vaincre. ?Cet esprit de liberté, ajoute-il, me vient moins d'orgueil que de paresse, mais cette paresse est incroyable; tout l'effarouche; les moindres devoirs de la vie civile lui sont insupportables.? Il se croit quitte envers les hommes en leur donnant ?l'exemple de la vie qu'ils devraient mener.? La solitude a donc à ses yeux le mérite de le délivrer de toute gêne. Elle y joint un dernier avantage: elle lui assure la pleine possession de lui-même. Parfaitement en repos, il le dit du moins,
ourtant je sentais le besoin.? Il est vrai que ces aspirations même étaient, à l'en croire, ?d'une tristesse attirante,? mais voici un aveu significatif: ?Il n'est pas possible qu'une solitude aussi complète, aussi permanente, aussi triste en elle-même, ne me jette quelquefois dans l'abattement.? Les agitations vaines, les terreurs sans cause le viennent assaillir. Il attribue à ses ennemis de sourds complots, de ténébreuses machinations. Ses terreurs vont jusqu'à
du mal dont notre pays a tant gémi depuis Rousseau? Est-il une forme de tristesse, une
permission de s'établir près de lui, il l'en détourne vivement et lui dit: ?L'homme n'est point fait pour méditer, mais pour agir.? Enfin, consulté sur un projet de suicide, il le combat avec une ironie pleine de sens, et dévoile les sentiments de vanité et de haine cachés sous l'appareil déclamatoire de la lettre à laquelle il répond. Mais de tous les enseignements qu'il a laissés aucun ne peut être comparé à son exemple. Sa triste existence, sa fin plus triste encore, sont la réfutation la plus éclatante de ses trop spécieux systèmes, e
ités par eux. Je ne sais si ceux qui l'entretenaient de projets de suicide eussent suivi sans hésiter un conseil favorable à ces projets, mais les consultations de ce genre n'étaient pas rares. Un grand nombre des contemporains de Rousseau l'ont considéré comme leur ma?tre. ?S'il y avait, dit à ce propos M. Sainte-Beu
s regrets de sa piété perdue, des désirs de retour à la foi. Que ne donnerait-il pas pour en recouvrer le bienfait? ?Ah! tombent sur moi tous les fléaux de la fortune et de la nature pour me rendre un remède si doux!? Cet état d'aspirations stériles est habituel à Deleyre. Il se plaint de ne pas savoir se gouverner, il craint les moments de dés?uvrement; il deman
me il ne s'en trouve pas sous cette forme au XVII siècle et comme il devait s'en rencontrer beaucoup au commencement du n?tre. C'était un athée vertueux, un M. de Wolmar, mais qui n'avait pas tout à fait la force de l'être, et qui se dévorait lui-même. Il unissait en lui bien des contrastes. De quatorze ans plu
iple, qui lui-même est devenu un ma?tre et qu'en le rapprochant de J
iter des hommes; pourquoi est-ce que je me trouble à leur vue? En vain j'appelais la raison à mon secours; ma raison ne pouvait rien contre un mal qui lui ?tait ses propres forces.? Sans doute, cette crise ne fut pas de longue durée et dans les écrits de B. de Saint-Pierre, la mélancolie est réduite à des proportions bien modestes et bien inoffensives. Il en fait plut?t un plaisir qu'une peine; on le voit par les exemples qu'il en donne. ?Il go?te du plaisir lorsqu'il pleut à verse, qu'il voit les vieux murs moussus tout dégouttants d'eau, et qu'il entend les murmures des vents qui se mêlent aux frémissements de la pluie.? Ces sensations qu'il aime à décrire, il les
néant, et le néant (dont je fais grand cas) n'est bon que parce qu'on ne le sent pas.? Ces sombres boutades échappées à l'humeur aigrie de Mme du Deffand, ne sont pas un phénomène isolé. On en rencontre de semblables dans la correspondance d'une autre femme, attachée d'abord à Mme du Deffand, puis séparée d'elle sans retour, d'une femme, chez laquelle le c?ur était cependant bien ardent, mais qui, fatiguée par une vie de passions, exhalait, au milieu des effusions d'un amour agité, son invincible mélancolie. ?Mon Dieu! écrivait Mlle Lespinasse au chevalier de Guibert, ne craignez pas d'être triste avec moi; c'est mon ton, c'est mon existence que
té de leurs adversaires, partout s'établit en France une rivalité de tristesse, ou, si l'on aime m