Une Maladie Morale
té et M
lomon nous revient aussit?t à la mémoire et nous nous rappelons ses sentences amères sur la vanité des
es qualités du désir toujours accompagnées de crainte et de misère sont les racines des douleurs. Elles sont plus redoutables que le tranchant de l'épée ou les feuilles de l'arbre vénéneux. Comme une image réfléchie, comme un écho, comme un éblouissement ou le vertige de la danse, comme un songe, comme un discours vain et futile, comme la magie et le mirage, elles sont remplies de fausseté; elles sont vides comme l'écume et la bulle d'eau.? A ses yeux, le vide appara?t partout: ?Tout phénomène est vide, toute substance est vide, en dehors il n'y a que le vide... Le mal
se de ?akya-Mouni celle du poète Sadi, qui écrira au moyen age cette maxime: ?Ce qu'on peut
ussi dans ce passage d'Empédocle: ?Triste race des mortels, de quels désordres, de quels pleurs êtes-vous sortie! De quelle haute dignité, de quel comble de bonheur, je suis tombé parmi les hommes! J'ai gémi, je me suis lamenté à la vue de cette demeure nouvelle.? Et ne dirait-on pas qu'elle est tirée de quelque écrivain moderne cette phrase sur les tourments de notre intelligence: ?Nos moyens de connaissance sont bornés et dispersés dans nos organes. Les expressions résistent à nos pensées et les émoussent. Les mortels éphémères n'apercevant qu'une faible parcelle de cette vie douteuse, ne saisissant qu'une vaine fumée et croyant aux choses seules qui leur tombent sous les sens, errent dans toutes les
amis rappelaient à la vie et qui leur répondait en énumérant les peines dont elle est remplie. Thèse pessimiste assurément, mais aussi, sans doute, expression d'un sentiment de désespoir personnel. C'est ce sentiment qui s'exhale dans la conclusion de l'auteur; car le pessimisme philosophique ne pousse pas, lui, au suicide de l'individu: il juge ce moyen insuffisant pour corriger le vice radical dont le système du
e dans laquelle s'enr?laient les gens fatigués de vivre ou peu soucieux de subir les disgraces de la vieillesse. Deux siècles après le philosophe Cyréna?que, on retrouvait à Alexandrie une s
des causes variées et quelquefois obscures, mais qui ne paraissent se rattacher à aucun fait général. Il en est diff
rser dans la vie!? Enfin, quoi de plus frappant que le vers immortel dans lequel il a décrit la secrète angoisse qui empoisonne toutes nos joies? Pline l'ancien, lui aussi, cet écrivain dont on a dit qu'il était presque un moderne, parle de l'homme ?jeté nu sur la terre nue.? Et Cicéron n'a-t-il pas aussi sa note triste, et en exposant dans les Tusculanes les douloureuses doctrines d'Hégésias, n'y adhérait-il pas, quand il
ui devient ?son directeur de conscience? et qui conduit avec habileté cette ?uvre délicate. Mais ce qui montre le mieux, ce me semble, l'infirmité morale de ces temps, c'est la théorie du suicide professée par les plus grands philosophes. Sénèque lui-même, cet excellent médecin des ames, voit dans cet acte de désespoir un refuge légitime contre les épreuves de la vie et Pline l'ancien déclare que la faculté de se donner la mort est le plus grand bienfait qu'ait re?u l'homme, et il plaint le Dieu, dont il veut bien admettre un instan
nts, les plaintes des ames chrétiennes, avec ces fuites au désert, ces clo?tres, ces théba?des dans lesquelles la jeunesse et la beauté cherchaient une sépulture volontaire? Quelque rapprochement qu'on ait voulu faire entre ces choses, leur contraste est complet. La mélan
en Allemagne, un artiste, l'auteur de la célèbre image de la Mélancolie, et ces poètes dont les Lieds chantent la mort associée à l'amour. On y a remarqué cette interrogation: ?Cette vie l'ai-je vécue, l'ai-je rêvée??, mot qui rappelle celui de Pindare sur le même sujet et qui atteste ainsi l'unité de l'esprit humain, à travers les différences de temps et de races. M. Ozanam a défini avec justesse la poésie des Mi