Auguste Comte et Herbert Spencer
ment apprécié même des adversaires. Ceux-ci, en effet, admettent déjà volontiers que la philosophie positive ?révèle un sentiment beaucou
accentué que les conceptions philosophiques qui le précédèrent et le préparèrent. Je souscris entièremen
et biologique, puis considérée comme le terme final de nos connaissances abstraites, Auguste Comte développe, en effet, un genre de monisme fort injustement délaissé par ses prédéc
ur les données certaines de la science. Par malheur, Comte ne se borne pas à déclarer la guerre au seul monisme transcendant. L'erreur c?toie chez ce philosophe le plus ju
lait favoriser l'éclosion. Les ambages et les tatonnements de Comte devaient, du reste, flatter les go?ts et satisfaire les préjugés de ces m
s futurs. Ce sont, dans l'ordre hiérarchique de leur puissance respective: 1° le courant agnostique, le plus considérable, le plus violent de tous, ou l'idée de limite; 2° le courant historique, ou l'idée d'évolution, de progrès lentement gradué, s'effectuant pa
ement les deux autres parties de la philosophie positive et surtout son troisième principe, le monisme, auquel, et nous le verrons plus tar
que aussit?t il ajoute ces lignes significatives: ?Il ne faut pas considérer le philosophe positif comme si, traitant uniquement des causes secondes, il laisse libre de penser ce qu'on veut des causes premières. Non, il ne laisse là-dessus aucune liberté; sa détermination est précise, catégorique et le sépare radicalement des philosophies théologiques et métaphysiques.? Voilà des déclarations nettes. Elles émanent du disciple qui se posa pour règle de ne jamais dépasser les conceptions du ma?tre, qui souvent même se glorifia d'avoir su les restreindre à leur express
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u passé, la réhabilitation des époques les plus décriées, la solidarité profonde et durable grace à laquelle tout se tient et s'encha?ne dans le règne humain, absolument comme dans le règne organique et, plus bas, plus au fond, dans le règne inorganique,-ce noble ensemble de doctrines faisait de
s succès et l'influence qui, à d'autres époques, échurent en partage à des philosophies très sérieuses, très dignes d'attention, le monisme de Spinoza, par exemple, ou le mécanisme de Descartes, l'évolutionnisme inchoatif de Leibnitz, le criticisme élémentaire de Hume. Ce point d'histoire ne saurait plus se nier aujourd'hui, surtout si l'on ramène, comme il convient de le faire, à ses origines positivistes, l'intéressante
titeur de mathématiques que resta sa vie durant Auguste Comt
sur la scène du monde et leur triomphe facile s'expli
sophies précédentes, toutes plus ou moins agnostiques, évolutionnistes et monistes. La conception positiviste se borna à réunir en un faisceau dogmatique c
nt,-Auguste Comte fut avant tout un vulgarisateur de génie; nous e
conceptions religieuses, toujours plus concrètes que les philosophiques. Il démocratisa, pour ainsi dire, la philosophie, il en fit l'apanage d'un flot montant d'intelligences humaines. Il répandit plus abondamment que n'importe quel autre philosophe, et en des milieux n
é intellectuelle des nouvelles couches sociales conquises par la pensée sous sa triple forme, philosophique, scientifique et esthétique. Il fut le véritable promoteur de cette maxime que l'un de ses plus authentiques disciples, Taine, se plaisait à répéter: ?Sa
expérience plusieurs fois séculaire. Et cette nutritive moelle des philosophies préparatrices, il la tira moins des livres ou de l'étude minutieuse des métaphysiciens, que de l'air ambiant, encore tout troublé par la grande secousse révolutionnaire, que de l'observation immédiate d'une société cha
en germe la négation formelle de l'inconnaissable. Et dans le même cadre, sans prendre garde qu'il pouvait se briser en pièces, il fit entrer, il maintint d'
et non de la forme ou du style des écrits de Comte, obstacle minime si l'on songe combien facilement il fut surmonté par le talent littéraire des premiers évangélistes de la bonne parole. Je le répète, comme doctr
ui s'adresse à la foule. Il est le moins sceptique, le moins délicat, le moins raffiné, mais aussi le moins calculateur, le plus sincère, le plus na?f des philosophes. Il est d'une bonne foi entière, admirable. Il se garde comme du plus grand des malheurs, comme d'un péché irrémissible, de creuser les questions préalables, de scruter les principes, les points de départ, d'aller au fond des choses. Il est l'ennemi juré de la subtilité qu'il envisage comme la vraie tare métaphysique. Au point de vue utilitaire, il a mille fois raison, puisque dans les vastes landes enc
ès s'est accompli par là. La démocratie intellectuelle,-création, en somme, heureuse de notre époque, puis-qu'elle permet les longs espoirs dans l'avenir destructeur des iniquités sociales,-la démocratie de l'esprit, dis-je, en fut du coup ennoblie, épurée, moralisée. Un écrivain qui
hypothétiques (vérités ou erreurs, il n'importe): l'agnosticisme, le monisme et l'évolutionnisme, sont aujourd'hui descendues sur terre. Divinités autrefois si fa
r, à l'oeuvre naturelle et inévitable d'un tel ensemencement scientifique, l'aide jusqu'ici dédaignée des études, des expériences spéciales dans les domaines limitrophes de la biologie, de la sociologie et de la psychologie? Et