Journal d'un sous-officier, 1870
e; mais le sol, détrempé par la pluie de la veille, mollissait sous les pieds. Et puis, notre bagage était
sonnerie de la halte, tous, et moi le premier, nous poussames un long soupir de soulagement; mais il était à
ativement les miens. Mon regard, s'il s'élevait, ne dépassait pas la hauteur du havresac qui sous mon nez se balan?ait comme un esquif, avec le fréquent tressaut que lui imprimait un sec haussement d'épaules. Cet as de carreau marchant, je le regardais, je le fix
cette première épreuve j'étais vaincu, comment espérer fournir une carrière plus longue? Ma bonne volonté, mon ardeur patriotique, tous mes élans si
lein de désespoir et de rage, je vis défiler tout le 51e régiment qui suivait le 48e. Par un suprême effort, je m'étais redressé pourtant; mais, loin de pouvoir regagner le terrain perdu, je me voyais distancer toujours plus. Non seulement me
faisceaux étaient formés, les tentes à peine dressées. Officiers et camarades ne remarquèrent pas mon retard ou feignirent de ne s'en être pas aper?us. Impossible de me rappeler si la soupe fut bonne, ni même si j'en mangeai. Me reposer,
poussa à m'agiter hors de ma tente: je me trouvai si dispos, si alerte, que j'espérai mieux résister à une seconde épreuve. Faible
ablement le spectacle d'une ruche gigantesque. Des moblots y apparaissaient en effet, non seulement fourmillant au ras du sol, mais encore allant chercher le repos sur les piles de sacs qui attendaient l'ouverture du marché. Dehors, sur la place, dans les rues, aux carrefours, partout s'ébrouaient, piaffaient, ruaient, des chevaux au p
rps d'armée s'agglomérait graduellement, sans précipitation, sans hate exagérée. Cette prudence semblait s'impo
élèbre, allait être désigné pour remplacer le baron Durrieu, trop méthodique et trop lent au gré du ministre de la guerre. Le 17e corps était offert par le té
à Mer. M. Eynard, promu lui-même capitaine, répondit à mes remerciements en me promettant de me faire avoir sous peu, si je continu
nde. Quant à mon troisième rival, il ne daignait plus être jaloux de moi. Villiot, simple sergent, était déjà désigné pour passer sous-lieutenant. Pourquoi son compatriote n'obtiendrait-il pas la même faveur? En v
u'il était, ayant combattu en Crimée, en Italie, et étant décoré de la médaille militaire. Forte moustache, longue barbiche, grosse-voix. Au demeurant, le meilleur des hommes. Il e?t été parfait, sans son go?t prononcé pour la dive boute
ons. Fastidieuses corvées. Tous les fourriers de la brigade étant convoqués en même temps, il leur fallait assister à la pesée successive, par les soins d'un sergent d'administration rarement bien disposé, des lots de denrées revenant à chaque compagnie. L'opération, quand il s'agissait des vivres
voir, sous peine d'ouvrir toute grande la porte aux abus. L'intendance avait trop à faire, en 1870, pour que les fonctionnaires ou que même les officiers d'administration fussent présents partout: le soin des distributions était forcément abandonné à des subalternes, recrues que, en général, le désir d'éviter le feu, plus que la conscience du devoir ou que les aptitudes professionnelles, avait poussées dans les services auxiliaires. Il appartenait donc aux officiers cha
, mes soup?ons se changèrent en certitude. Ainsi, plusieurs milliers d'hommes allaient se trouver privés de la
ladresse, allait en affamer des milliers au moment des rudes fatigues, pendant les marches forcées. Il appartenait à mon capitaine, sur mon rapport
es. Puis il s'éleva au-dessus et autour de la ville un bruissement intraduisible, fait de l'agitation des soldats, du froissement du pavé p
ne, à accepter le commandement en chef du 17e corps d'armée. Pour constituer solidement l'aile gauche de l'armée de la Loire, il avait demandé la concentration immédiate de ses divisions autour de lui, à Chateaudun, tandis que l
la tête, s'était effacé dans la brume de cette triste journée d'automne. Le pays était plat, sans horizon, sous un ciel terne, bas, qui semblait étouffer la terre. Et ce qui assombrissait encore tout cela,
. Au bout de trois lieues, ayant atteint à la nuit le bourg de Lorges, nous établ?mes nos bivo
e que nous lui avions offert dans la forêt de Blois. Il y mit un peu moins de cérémonie que nous. Ayant laissé les faisceaux auprès des derniers fumerons de leurs bivouacs, les hommes de ce régiment vinrent se r
-même bien en face de ses compagnons armés, il nous parut, de loin, demander si la distance était convenable. Il recula d'un pas, et, s'étant bien assujetti sur ses jambes afin de montrer
es farfadets à notre approche. L'exécution sommaire nous avait un peu, malgré un commencement d'habitude, figé le sang: l'exercice nous semblait une nécessité et un bienfait. Le chemin prenait, entre la multitude d'arbres qui se pressaient autour de nous, un caractère pittoresque, varié, car, au coeur de la forêt, le
besogne. Bravant l'enchevêtrement des racines d'arbres, des fougères et la fouettée des branches successivement tendues par les fusils, l'infanterie tourna les obstacles, en coupant à travers les taillis. Peu après, la fin de la forêt s'annon?a par une perspective romantique, dont l'image, quoique v
esque aussit?t prendre les devants, pour aller, sous la conduite d'un adjudant-major, reconna?tre l'emplacement
nos oreilles. Il n'y avait point d'électricité dans le ciel, l'ora
te douleur de mon malheureux talon; je me trouvais aussi alerte et dispos qu'aux jours où je m'exer?ais chez Léotard, et, la nuit, dans la prairie des Filtres de Toulouse. Qu'importaient à présent les fatigues et les souffrances: le danger était proche, donc nous allions
cs brisées, murs crénelés ou rongés de brèches. Les arbres, fauchés par les obus, montraient leurs moignons à cassures fra?ches. De loin en loin, une
au de Dunois qui domine ses maisons étagées. Après quelques nuits de bivouac il nous semblait déjà que nous étions condamnés aux steppes éternelles. Aussi la vue de cette cité nous surprit-elle et nous réjouit
grondé sourdement, confusément. L'action paraissait se livrer à quelques kilomètres. Les clairons sonnèrent la halte d'un bout à l'autre de la longue colonne,
ormés les étuis de cartouches. Cela témoignait d'une belle ardeur, et surtout d'une grande inexpérience, car il suff
fantassins du général Deflandre qu'il avait fait trotter comme des chevaux arabes. Notre appui, qui aurait été tardif, n'était pas nécessaire; la colonne expéditionnaire devait sans désemparer rentrer après l'affaire dans ses bivouacs de Marboué, sous Chateaudun. L'ordre