Journal d'un sous-officier, 1870 by Amédée Delorme
Vingt kilomètres à parcourir, c'est une petite étape. Le temps était sombre, assez favorable pour la marche; mais le sol, détrempé par la pluie de la veille, mollissait sous les pieds. Et puis, notre bagage était au grand complet. Fourniment, vivres, cartouches, rien ne manquait. La tente, humide encore, pesait fort.
Quand, au bout d'une heure, retentit de distance en distance, comme répercutée par un interminable écho, la sonnerie de la halte, tous, et moi le premier, nous poussames un long soupir de soulagement; mais il était à peine exhalé, que les clairons, l'instant d'avant si charitables, nous ordonnèrent cruellement de repartir.
Grise et pénible journée, qui n'a rien laissé dans ma mémoire de l'aspect du pays. Nous avions tout au plus parcouru le quart du chemin, et il me semblait que j'étais déjà à bout de forces. Je ne voyais que les deux pieds qui devant moi s'agitaient, fuyant alternativement les miens. Mon regard, s'il s'élevait, ne dépassait pas la hauteur du havresac qui sous mon nez se balan?ait comme un esquif, avec le fréquent tressaut que lui imprimait un sec haussement d'épaules. Cet as de carreau marchant, je le regardais, je le fixais désespérément, pour subir son attraction magnétique, pour contre-balancer l'horrible poids de celui qui me sollicitait en arrière, me tiraillait sous les bras, m'écrasait les épaules, comme si, de minute en minute, il e?t grossi et se f?t réellement appesanti.
Avec une terreur qui croissait en proportion de l'affaiblissement de mon corps, je me demandais si jamais j'arriverais au bout de l'étape. Or, si à cette première épreuve j'étais vaincu, comment espérer fournir une carrière plus longue? Ma bonne volonté, mon ardeur patriotique, tous mes élans sincères allaient-ils donc être éteints, annihilés? Etait-il donc inutile et vain d'avoir du coeur? Ne valait-il pas mieux posséder de solides jarrets?
A la dernière pause, j'eus l'imprudence de m'asseoir. Quand le clairon sonna, mes jambes étaient rouillées, inertes. Je voulus me lever. Impossible. Mon fardeau me clouait sur le tas de pierres où je m'étais échoué, au bord de la route, et, plein de désespoir et de rage, je vis défiler tout le 51e régiment qui suivait le 48e. Par un suprême effort, je m'étais redressé pourtant; mais, loin de pouvoir regagner le terrain perdu, je me voyais distancer toujours plus. Non seulement mes effets et mon sac me pesaient, mais aussi mes galons: je m'en trouvais indigne, j'en étais honteux. Volontiers je me les fusse arrachés, et je me demandais avec inquiétude comment j'allais m'excuser auprès de mes officiers d'être un tra?nard.
La brigade s'était arrêtée au nord de la ville, le 48e à droite et le 51e à gauche de la voie ferrée qui monte vers Beaugency. La nuit tombait quand je rejoignis ma compagnie; il avait fallu du temps pour assigner à chacun sa place: les faisceaux étaient formés, les tentes à peine dressées. Officiers et camarades ne remarquèrent pas mon retard ou feignirent de ne s'en être pas aper?us. Impossible de me rappeler si la soupe fut bonne, ni même si j'en mangeai. Me reposer, m'étendre, dormir, voilà ce qu'il me fallait. N'importe où. Nécessaire est l'extrême fatigue de la marche avec un chargement de bête de somme, pour vous faire go?ter les bienfaits du repos sous un illusoire abri et à même la terre humide.
Au redoublement de froid qui co?ncide avec l'aube, je me réveillai pourtant. Le besoin de secouer l'engourdissement du sommeil me poussa à m'agiter hors de ma tente: je me trouvai si dispos, si alerte, que j'espérai mieux résister à une seconde épreuve. Faible espoir, car j'eus l'ennui de constater que, ressemblant aux héros par les mauvais c?tés, j'avais, comme Achille, le talon entamé.
Par bonheur, nous ne devions pas quitter Mer tout de suite. Cette ville, qui compte normalement 4 000 ames, était alors entourée et farcie de 12 000 hommes de troupes de toutes catégories et de toutes couleurs. Avec nous, les chasseurs campaient alentour. Au centre de la cité, un régiment de mobiles occupait la halle, qui offrait véritablement le spectacle d'une ruche gigantesque. Des moblots y apparaissaient en effet, non seulement fourmillant au ras du sol, mais encore allant chercher le repos sur les piles de sacs qui attendaient l'ouverture du marché. Dehors, sur la place, dans les rues, aux carrefours, partout s'ébrouaient, piaffaient, ruaient, des chevaux au piquet, et quelques-uns stationnaient tête basse, crinière tombante, leurs grands yeux mornes. Le long des grandes voies, s'alignait le matériel de l'artillerie. Canons à la longue gueule élevée, hardie, caissons lugubres comme des cercueils, forges roulantes, fourgons, fourragères, enfin le train de la 2e division du 17e corps d'armée.
Sous l'impulsion du général Durrieu, un divisionnaire authentique, graine d'épinards rare à ce moment-là, le corps d'armée s'agglomérait graduellement, sans précipitation, sans hate exagérée. Cette prudence semblait s'imposer avec des formations improvisées, comptant-j'en fournissais la preuve-des volontés meilleures que les jambes.
A la tête de la 2e division était placé le général de brigade du Bois de Jancigny, la veille colonel de gendarmerie. Bient?t un autre brigadier, depuis lors célèbre, allait être désigné pour remplacer le baron Durrieu, trop méthodique et trop lent au gré du ministre de la guerre. Le 17e corps était offert par le télégraphe au général Gaston de Sonis, pendant qu'il cherchait vainement à Chateaudun d'introuvables régiments de cavalerie avec lesquels il br?lait de charger.
Moi aussi, je profitai du trouble des temps pour avancer vertigineusement en grade. Le haut galon de sergent-fourrier me fut décerné à Mer. M. Eynard, promu lui-même capitaine, répondit à mes remerciements en me promettant de me faire avoir sous peu, si je continuais de bien servir, le grade de sergent-major. Comme je l'eusse envié, le double galon, s'il avait d? me dispenser de porter mon sac!
En tout cas, les paroles bienveillantes du capitaine justifiaient un peu le dépit de Gouzy et de Nareval, qui per?a malgré eux. Ils me boudèrent pendant une heure et devinrent ensuite les meilleurs camarades du monde. Quant à mon troisième rival, il ne daignait plus être jaloux de moi. Villiot, simple sergent, était déjà désigné pour passer sous-lieutenant. Pourquoi son compatriote n'obtiendrait-il pas la même faveur? En vérité, le beau Laurier attendait l'épaulette, ni plus ni moins, et dans cette attente il relevait un peu plus ses moustaches; il multipliait les punitions, sans de bien graves motifs, pour se donner de l'importance!
Harel, cela va sans dire, avait été consacré sergent-major, et, pour compléter notre cadre, il nous fut donné un lieutenant. M. Barta, comme M. Houssine, était sorti des rangs, mais depuis plus longtemps. Il avait la mine d'un grognard qu'il était, ayant combattu en Crimée, en Italie, et étant décoré de la médaille militaire. Forte moustache, longue barbiche, grosse-voix. Au demeurant, le meilleur des hommes. Il e?t été parfait, sans son go?t prononcé pour la dive bouteille; mais, à l'armée de la Loire, il n'y avait guère à boire que de la neige fondue. M. Barta nous apparut donc sous un jour excellent. Grace à lui, la 6e du 3 achevait d'être encadrée de manière à ne pas trop redouter l'épreuve du feu.
D'ailleurs le colonel Koch mettait à profit le dernier répit accordé par le général en chef, pour faire manoeuvrer le régiment à travers champs. J'eusse pris plaisir à cette préparation aux combats prochains; mais mon quartier général était à la gare, où se poursuivaient d'interminables distributions. Fastidieuses corvées. Tous les fourriers de la brigade étant convoqués en même temps, il leur fallait assister à la pesée successive, par les soins d'un sergent d'administration rarement bien disposé, des lots de denrées revenant à chaque compagnie. L'opération, quand il s'agissait des vivres de campagne, se renouvelait cinq fois. Sucre, 36 pesées; café, 36 pesées; riz, de même; sel encore, haricots, toujours 36. Le lendemain, distribution de viande fra?che ou de lard salé, de pain ou de biscuit, pour recommencer ensuite. Ah! l'effrayant tonneau des Dana?des que le ventre d'une armée!
Le 24 novembre, je ramenais de la gare mes hommes de corvée, moins irrité encore d'une station de trois heures, qui nous avait fait rentrer les jambes dans le corps, que du soup?on d'avoir été victime d'une grossière erreur. Quelque raillerie qu'excitent les règlements militaires, ils sont généralement bons, quand ils sont strictement appliqués. Mais ils forment comme une cha?ne: il ne faut pas qu'il y manque un seul anneau. Nul ne doit se dérober tant soit peu à son devoir, sous peine d'ouvrir toute grande la porte aux abus. L'intendance avait trop à faire, en 1870, pour que les fonctionnaires ou que même les officiers d'administration fussent présents partout: le soin des distributions était forcément abandonné à des subalternes, recrues que, en général, le désir d'éviter le feu, plus que la conscience du devoir ou que les aptitudes professionnelles, avait poussées dans les services auxiliaires. Il appartenait donc aux officiers chargés de la conduite des fourriers d'être vigilants. Ce jour-là-il faut l'avouer,-l'officier de service, un lieutenant du 51e, impatienté d'attendre si longtemps, ne prêta aucune attention à la protestation que je formulai. Pour ne pas perdre le temps, il fallut se contenter, de la part du sergent qui nous servait, d'une démonstration embarrassée au moyen de sa bascule. Cette sorte d'instrument est facile à fausser, et j'étais parti convaincu que nous avions été trompés.
Dominé par cette préoccupation, j'entrai dans une épicerie qui se trouvait sur notre chemin. Vérification faite, mes soup?ons se changèrent en certitude. Ainsi, plusieurs milliers d'hommes allaient se trouver privés de la nourriture d'un jour sur trois environ. Impossible d'en douter, les soldats de corvée en étant témoins comme moi.
En un temps où les vétilles étaient parmi nous punies de mort, je ne me croyais pas en droit de taire la faute d'un homme qui, par calcul ou par maladresse, allait en affamer des milliers au moment des rudes fatigues, pendant les marches forcées. Il appartenait à mon capitaine, sur mon rapport, de signaler la fraude ou l'erreur; mais il n'était pas au camp, et, quelques minutes après, je n'avais plus le loisir de me plaindre efficacement.
Les clairons rappelaient, rappelaient au pas gymnastique. Dans la ville, les vibrantes trompettes de l'artillerie répondaient à nos sonneries. Puis il s'éleva au-dessus et autour de la ville un bruissement intraduisible, fait de l'agitation des soldats, du froissement du pavé par le fer des chevaux, du roulement des aff?ts et des avant-trains, d'une longue clameur de commandements et d'un immense cliquetis d'armes.
La ville de Mer, au bout d'une heure, dut sembler morne et vide à ses habitants: notre division l'avait évacuée. Le général de Sonis, d'abord suffoqué par un tel excès d'honneur, s'était cependant résigné, par esprit de discipline, à accepter le commandement en chef du 17e corps d'armée. Pour constituer solidement l'aile gauche de l'armée de la Loire, il avait demandé la concentration immédiate de ses divisions autour de lui, à Chateaudun, tandis que le 16e corps se maintenait au centre, en avant de Coulmiers, sous les ordres du général Chanzy, dans les positions conquises le 9 novembre, et que, plus à droite, le général Martin des Pallières couvrait Orléans avec le 15e corps.
Mer, où je devais bient?t revenir, non plus pédestrement, mais monté, je n'ose pourtant dire sur un noble coursier, Mer, qu'une sinuosité de la route nous avait permis de découvrir à distance sans détourner la tête, s'était effacé dans la brume de cette triste journée d'automne. Le pays était plat, sans horizon, sous un ciel terne, bas, qui semblait étouffer la terre. Et ce qui assombrissait encore tout cela, c'était le souvenir de ma première étape. Il me préoccupait fort. Il me préoccupait d'autant plus qu'à chaque pas mon talon, mon talon d'Achille, me rappelait, par une sensation de br?lure, ma vulnérabilité.
Heureusement le départ avait été tardif: il n'y eut pas à fournir ce jour-là une longue course. Au bout de trois lieues, ayant atteint à la nuit le bourg de Lorges, nous établ?mes nos bivouacs dans des champs que bornait à notre gauche une large bande irrégulière, noire et confuse.
Au jour, nous reconn?mes que nous étions campés près d'un grand bois, la forêt de Marchenoir. Le café pris, on nous fit aligner à une portée de fusil de la lisière: le 51e avait à nous rendre le funeste spectacle que nous lui avions offert dans la forêt de Blois. Il y mit un peu moins de cérémonie que nous. Ayant laissé les faisceaux auprès des derniers fumerons de leurs bivouacs, les hommes de ce régiment vinrent se ranger à nos c?tés, les bras ballants, presque comme à la foire. Il ne s'agissait, à vrai dire, que d'exécuter un simple soldat, lequel, chose grave, avait refusé d'obéir à un caporal qui le commandait de corvée.
Grand, fort, l'air décidé, cet homme fut conduit tout à l'entrée du bois, sous l'escorte du peloton fatal. Il ne voulut pas se laisser bander les yeux, ni s'agenouiller. En se pla?ant lui-même bien en face de ses compagnons armés, il nous parut, de loin, demander si la distance était convenable. Il recula d'un pas, et, s'étant bien assujetti sur ses jambes afin de montrer qu'il ne tremblait pas, il fit un mouvement de tête qui fut le signal du feu. Le bruit de la décharge nous parvint trois secondes après que nous avions vu ce brave s'affaisser, foudroyé.
Il n'était plus temps de s'attarder en des formalités superflues: grace nous fut faite du défilé devant le corps sanglant. Le camp levé aussit?t, la brigade se mit en marche par une des routes qui traversent la forêt. La journée était belle, le ciel assez clair, sauf quelques buées matinales qui s'évaporaient comme des farfadets à notre approche. L'exécution sommaire nous avait un peu, malgré un commencement d'habitude, figé le sang: l'exercice nous semblait une nécessité et un bienfait. Le chemin prenait, entre la multitude d'arbres qui se pressaient autour de nous, un caractère pittoresque, varié, car, au coeur de la forêt, les feuilles n'étaient pas toutes tombées: il y avait là comme un regain, exhalant un doux parfum automnal. La fatigue se faisait à peine sentir; l'étape e?t été vite parcourue; mais, pour la défense de la patrie, le génie civil s'était exercé en ces parages dans le secret des bois: il contribua à modérer notre allure.
La tête de la colonne s'arrêta à un carrefour devant une tranchée à épaulement, obstacle qui déjà immobilisait une batterie de notre division arrivée par une autre route. Les artilleurs travaillaient activement à rétablir la voie; mais, après une pause, nous n'attend?mes pas l'achèvement de leur rude besogne. Bravant l'enchevêtrement des racines d'arbres, des fougères et la fouettée des branches successivement tendues par les fusils, l'infanterie tourna les obstacles, en coupant à travers les taillis. Peu après, la fin de la forêt s'annon?a par une perspective romantique, dont l'image, quoique vaporeuse, vague, est cependant fixée, indélébilement, je ne sais pourquoi, dans ma mémoire, avec la grace indéfinissable d'un beau rêve. Au bout de l'avenue qui filait toute droite, au milieu des arbres dénudés, se dressait, sur un coteau, dans la lumière plus vive de la plaine, un castel à tourelles.
La grande halte eut lieu au delà de ce site charmant. Les fourriers, condamnés à écourter leur repos, durent presque aussit?t prendre les devants, pour aller, sous la conduite d'un adjudant-major, reconna?tre l'emplacement des prochains bivouacs. Un peloton complétait cette avant-garde, dont l'allure devait se maintenir assez vive.
Vers quatre heures, un grondement lointain de tonnerre vint frapper nos oreilles. Il n'y avait point d'électricité dans le ciel, l'orage sévissait sur la terre. C'était le bruit de la canonnade. Enfin!
Faible encore, bien faible, très éloigné, mais nettement perceptible, ce premier écho de la bataille nous insuffla comme une vie nouvelle. Pour ma part, je ne sentais plus le poids de mon sac; le fusil me semblait aussi léger qu'une canne de jonc; j'oubliai même la cuisante douleur de mon malheureux talon; je me trouvais aussi alerte et dispos qu'aux jours où je m'exer?ais chez Léotard, et, la nuit, dans la prairie des Filtres de Toulouse. Qu'importaient à présent les fatigues et les souffrances: le danger était proche, donc nous allions être utiles, devenir bons à quelque chose. Les forces nous étaient revenues pour doubler l'étape, s'il l'avait fallu, et, vraiment, nous espérames que l'ordre en serait donné. Non, nécessité fut de se reposer pour arriver en vue de Chateaudun le lendemain à pareille heure.
La dernière étape avait été pénible, à travers un pays déjà violé par les envahisseurs. Habitations désertes, tout le long de la route. Grilles de parcs brisées, murs crénelés ou rongés de brèches. Les arbres, fauchés par les obus, montraient leurs moignons à cassures fra?ches. De loin en loin, une carcasse de cheval fourmillante de taches noires,-des corbeaux dont le vol sinistre animait seul le paysage que la pluie rayait de ses lignes obliques.
Sur ce fond sombre, la ville de Chateaudun nous apparut tout d'un coup-un repli de terrain franchi-à deux kilomètres environ. Batie sur un coteau, elle produit un grand effet, avec la haute silhouette du chateau de Dunois qui domine ses maisons étagées. Après quelques nuits de bivouac il nous semblait déjà que nous étions condamnés aux steppes éternelles. Aussi la vue de cette cité nous surprit-elle et nous réjouit-elle, malgré l'inclémence du temps: nous avions hate, une hate enfantine, de heurter de nos pieds endoloris le pavé de ses rues. Il fallut cependant modérer notre impatience et lui voir prendre un autre cours.
En franchissant le coteau d'où nous avions pu découvrir la ville, nous avions entendu subitement, clair et intense, le bruit de la canonnade qui jusque-là avait grondé sourdement, confusément. L'action paraissait se livrer à quelques kilomètres. Les clairons sonnèrent la halte d'un bout à l'autre de la longue colonne, et les estafettes coururent bride abattue vers la ville pour savoir s'il fallait y entrer, ou bien marcher au canon. Dans la direction du nord-ouest, semblait-il.
Les officiers ayant visité les armes, les hommes jonchèrent aussit?t la route des petites croix blanches dont sont formés les étuis de cartouches. Cela témoignait d'une belle ardeur, et surtout d'une grande inexpérience, car il suffit de trois secondes pour rompre ces bo?tes de carton, et il nous e?t fallu de longues heures pour joindre l'ennemi.
C'est à Yèvres et à Brou que le canon tonnait ce jour-là, à plusieurs lieues de Chateaudun. Pour détourner les Prussiens d'une marche sur Vend?me signalée par le ministre de la guerre, le général de Sonis s'était porté en avant dès le matin, avec quelques batteries et les fantassins du général Deflandre qu'il avait fait trotter comme des chevaux arabes. Notre appui, qui aurait été tardif, n'était pas nécessaire; la colonne expéditionnaire devait sans désemparer rentrer après l'affaire dans ses bivouacs de Marboué, sous Chateaudun. L'ordre ne tarda donc pas à nous arriver d'aller occuper dans la ville haute les emplacements abandonnés par des francs-tireurs et des mobiles, qu'un train emporta devant nous vers Vend?me. A leur rapide passage, nous les saluames chaleureusement, croyant qu'ils allaient au feu.
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