Voyage musical en Allemagne et en Italie, I
rl
d Opéra de Berlin. J'aurais à parler à présent de l'Académie de chant et des corps de musique militaire; mais puisque vous tenez à savoir avant tout ce que je pense des représentations a
laces vides dans la salle, et bien des pupitres inoccupés dans l'orchestre. Les chefs d'emploi, ces soirs-là, d?nent en ville, ils donnent des bals, ils sont à la chasse, etc. Les musiciens sommeillent, tout en jouant les notes de leur partie; quelque
son aise; on transpose à l'octave basse les notes hautes, ou bien on les laisse échapper tant bien que mal à demi-voix; il n'y a plus de nuances; le mezzo forte est adopté pour toute la soirée, on ne regarde pas le baton de mesure, il en résulte trois ou quatre fausses entrées et autant de phrases disloquées; mais qu'importe! Le public s'aper?oit-il de cela? Le directeur n'en sait rien, et si l'auteur fait des reproches, on lui rit au nez et on le traite d'intrigant. Ces dames surtout ont de cha
sson, ou j'appelle
que M. *** porte à sa boutonnière!
jours folle de son
ret; tout le monde ne p
A propos, pour rimer, va
lque chose à f
oi
me m
, quel
rde, voilà
elles où l'on met du soin, du zèle, de l'attention et du talent. J'en conviens; pourtant vous m'avouerez qu'il y a quelque chose de triste à voir des chefs-d'?uvre traités avec cette extrême familiarité. Je con?ois qu'on
sophe, je suis s?r que
vre représenté en grand débraillé, comme je disais tout à l'heure, on ne se permet jamais en Prusse de le montrer qu'en petit négligé. C'est ainsi que j'ai vu jouer Figaro et le Freyschütz. Ce n'était pas mal, sans être tout-à-fait bien. Il y avait un certain ensemble un peu relaché, une
ous arrivez de bonne heure, pour avoir le temps de voir un peu tout votre monde et faire vos dernières recommandations, où chacun est d'avance à son poste, où l'esp
le e?t été la sienne depuis vingt ans; l'orchestre est dans sa main, il en fait ce qu'il veut. Quant aux mouvements qu'il prend pour les Huguenots, ce sont les mêmes que les v?tres, à l'exception de ceux de l'entrée des moines au quatrième acte et de la marche qui termine le troisième; c
les doubles ch?urs contrastants, les entrées en imitations, les passages subits du forte au piano, les nuances intermédiaires, tout cela a été exécuté proprement, vigoureusement, avec une rare chaleur et un sentiment de la véritable expression plus rare encore. La stretta de la bénédiction des poignards m'a frappé comme un coup de foudre, et j'ai été longtemps à me remettre de l'incroyable bouleversement qu'elle m'a causé. Le grand ensemble du Pré aux Clercs, la dispute des femmes, les litanies de la Vierge, la chanson des soldats huguenots, présentaient à l'oreille un tissu musical d'une richesse étonnante, mais dont
esure avec exactitude, commence à jouer dans les coulisses d'avant-scène à droite du public; elle se met ensuite en marche et parcourt le théatre en passant auprès de la rampe et traversant les groupes du ch?ur. De cette fa?on les
'avais point de parti pris, point de prévention ni pour ni contre madame Devrient. Je me souvenais seulement qu'elle me parut admirable à Paris, il y a bien des années, dans le Fidelio de Beethoven, et que tout récemment, au contraire, à Dresde, j'avais remarqué en elle de fort mauvaises habitudes de chant et une action scénique souvent entachée d'exagération et d'afféterie. Ces défauts m'ont frappé d'autant plus vivement ensuite dans les Huguenots, que les situations du drame sont plus saisissantes, et que la musique en est plus empreinte de grandeur et de vérité. Ainsi donc j'ai sévèrement blamé la cantatrice et l'actrice, et voici pourquoi: dans la scène de la conjuration où Saint-Bris expose à Nevers et à ses amis le plan du massacre des huguenots, Valentine écoute en frémissant le sanglant projet de
s illust
soldats, mais
roit: ?Pour Dieu, Madame, laissez-moi donc tranquille, et permettez que je chante mon r?le jusqu'au bout!? Madame Devrient montre par là à quel point elle est possédée du démon de la personnalité. Elle se croirait perdue si dans toutes les scènes, à tort ou à raison, et par quelques man?uvres scéniques que ce soit, elle n'attirait sur elle l'attention du public. Elle se considère évidemment comme le pivot du drame, comme le seul personnage digne d'occuper les spectateurs. ?Vous écoutez cet acteur! vous admirez l'auteur! ce ch?ur vous intéresse! Niais que vous êtes! regardez donc par ici, voyez-moi; car je suis le poème, je suis la poésie, je suis la musique, je suis tout; il n'y a ce soir d
tyle et maladroitement amenés. Mais je ne connais rien de comparable à ses interjections parlées. Madame Devrient ne chante jamais les mots: Dieu! ? mon Dieu! Oui! non! est-il vrai! est-il possible! etc. T
rient parle et crie par trois fois avec un crescendo de force, nein! nein! nein! je crois entendre madame Dorval ou mademoiselle Georges dans un mélodrame, et je me demande pourquoi l'orchestre continue de jouer puisque l'opéra est fini. Ceci est d'un ridicule monstrueux. Je n'ai pas entendu le cinquième acte, furieux que j'étais d'avoir vu le chef-d'?uvre du quatrième défiguré de cette fa?on. Est-ce vous calomnier, mon cher Habeneck, d'affirmer que vous en eussiez fait autant? J'ai peine à le croire. Je connais votre manière de sentir en musique: quand l'exé
ctère de certains r?les. Valentine, par exemple, même en mettant à part les observations que j'ai faites plus haut, Valentine, la jeune mariée de la veille, le c?ur fort, mais timide, la noble épouse de Nevers, l'amante chaste et réservé
ir contre celles des théatres d'Italie. Sans doute cette guerre avec les dilettanti de Milan, de Naples et de Parme, au lieu de l'affaiblir, avait doublé ses forces en lui en révélant l'étendue; car, en dépit du fanatisme qui était alors dans nos m?urs fran?aises en matière d'art, ce fut presqu'en se jouant qu'il brisa et foula aux pieds les misérables entraves qu'on lui opposait. Les criailleries des encyclopédistes parvinrent une fois à lui arracher un mouvement d'impatience; mais cet accès de colère, qui lui fit commettre l'imprudence de leur répondre, fut le seul qu'il eut à se reprocher; et depuis lors, comme auparav
de posséder un vrai talent pour représenter les femmes de Glück; comme pour les femmes de Shakspeare, il faut de si hautes qualités d'ame, de c
plosion. L'acte de la haine, avec les admirables pantomimes composées, si je ne me trompe, par Paul Taglioni, ma?tre des ballets du grand théatre de Berlin, ne me parut pas moins remarquable par une verve en apparence désordonnée, mais dont tous les élans cependant étaient pleins d'une infernale harmonie. On avait supprimé l'air de
moi de
st si re
elle dissonance de septième majeure, cri féminin où se décèlen
ennemi tro
et comme on sent que l'amour ainsi regretté sera le plus fort! En effet, à peine la Haine, accourue avec son
r, puisque
unée A
mour qui
ab?me
re et peu naturel à Glück, il voulut que la magicienne, demeurée seule un instant, sort?t ensuite en rêvant à ce qu'elle vie
elle horri
tout mon sa
amour, viens c
d'un c?ur qui s'
tent des seconds violons, les basses déroulent une longue phrase chromatique qui gronde et menace jusqu'au premier mot du troisième vers: ?Amour,? où la plus suave mélodie, s'épanouissant lente et rêveuse, dissipe, par sa tendre clarté, la demi-obscurité
utés de la partition de Glück? Mais, vous le savez, c'est involontaire! Je vous parle ici comme nous faisons quelquef
e est de blame, elle porte sur la mise en scène; l'autre est élogieuse, elle a
entendre; sans cela on ne peut voir Armide s'éloigner à pas lents jusqu'au fond du théatre pendant les palpitations et les soupirs de plus en plu
e qu'il a eue relativement au tremolo intermittent dont je parlais tout à l'heure. Ce passage des seconds violons étant sur le ré bas, Meyerbeer, pour le faire remarquer davantage, l'a fait jouer sur deux cordes à l'unisson (le ré à vide et le ré sur la 4e corde). Il semble n
asant la corde, le fameux tremolo continu de l'oracle d'Alcest
murmure doucement monotone de son harmonie, et ce ch?ur: Jamais dans ces beaux lieux, dont le bonheur s'épanche avec tant de grace, je voyais autour de moi s'enlacer des bras charmants, se croiser d'adorables pieds, se dérouler d'odorantes chevelures, briller des yeux-diamants, et rayonner mille enivrants sourires. La fleur du plaisir, mollement agitée par la brise mélodique, s'épanouissait, et de sa corolle ravissante s'échappait un concert de sons, de cou
ella al tu
uol che p
, pietoso
a dit aussi notre grand poète moderne
urrai pas encore aujourd'hui parler des institutions musicales non dramatiques florissant à Berlin. Elles seront donc le
pas trop de celle-
t cas,