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Gertrude et Veronique

Chapter 6 6

Word Count: 3996    |    Released on: 30/11/2017

de la construction d'un atelier. Un terrain en friche, situé sur la lisière du bois, à une portée de fusil du village, eut bient?t fixé son choix. Tout s'y rencontrait

une petite pièce où Xavier couchait, car il s'était décidé à quitter la maison de Lachalade, pour se livrer tout entier à son travail.-Madame de Mauprié avait vivement combattu la résolution de son fils cadet; elle voyait avec peine un de ses enfants devenir ?une sorte de me

ge de Gertrude était toujours présente. Elle se glissait avec les rayons lumineux sous les ramures de la futaie; elle dansait à la lueur des étoiles dans les vapeurs argentées qui s'élevaient du ruisseau; elle peuplait les recoins sombres du batiment, et quand Xavier sculptait dans un panneau une tête de nymphe ou de déesse, c'était toujours le visage de Gertrude aux cheveux crépelés qui souriait au milieu des entrelacs et des guirlandes. Les lettres de la jeune fille arrivaient tous les lundis et mettaient l'atelier en fête. Après avoir lu les huit pages d'écriture serrée, Xavier les cachait dans sa poitrine et travaillait ferme jusqu'au soir; puis, à l'heure du soleil couchant, il allait s'asseoir sur le seuil de sa porte et relisait lentement les pages où Gertr

l'atelier. Le vent de l'arrière-saison commen?a à pleurer dans les ramées, les pluies monotones grossirent la voix du ruisseau, les feuilles jaunies tourbillonnaient sous les fenêtres de l'atelier, et Xavier se sentit envahi par la bande des pen

us avenante et la plus jolie fille de B..., les gar?ons de là-bas en sont quasiment fous, et je parle des plus huppés!...-Le conducteur cligna de l'?il et fit

ni sur son mérite ni sur sa beauté. Gertrude pouvait rencontrer là-bas quelque riche et beau fils de famille qui effa?at rapidement le souvenir de son maussade cousin... D'ailleurs, l'amour est le plus capricieux des oiseaux, il s'en va comme il est venu, sans raisons, et Xavier trouvait mille motifs pour que l'absence aliénat celui de Gertrude.-Il

t vaguement compte de la supériorité de Gertrude, et cette seule pensée suffisait pour mettre une certaine gêne dans leurs relations. Mademoiselle Célénie, plus ronde et moins susceptible, aurait fort bien passé sur les minuties qui froissaient son a?née; mais ce qui l'offusquait, c'était l'effet trop vite produit par Gertrude sur la partie masculine de la société de B... La grande Hélo?se n'épargnait rien, du reste, pour exciter la susceptibilité des deux s?urs et pour ruiner petit à petit la faveur de sa r

ngtemps encore sans doute, que Xavier était loin et l'avenir incertain... Alors elle pleurait et s'effrayait. Ces larmes, ces agitations contenues, jointes à une vie renfermée et au défaut d'exercice, la rendirent souffrante. Elle palit, ses yeux se cernèrent et ses joues se creusèrent légèrement, le tout à la satisfac

oiselle Célénie, qui s'en inquiétait; elle

isait faire à Gertrude un ou deux tours dans la rue de la Rochelle; puis, ennuyée de l'attention trop persistante et des ?illades des jeunes gens, elle la ramenait tambour battant au magasin, où son indignation s'exhalait à son aise contre l'impertinence de la jeunesse. Les journées s'écoulaient monotones, et les seules bonnes heures de Gertrude étaient celles où arrivaient les let

lement et Gertrude répondait avec la même exactitude. Le printemps et l'été fleurirent de nouveau le jardin des S

magasin. Tout à coup la porte de la rue s'ouvrit, et la jeune fille pou

mon oncle? s

désire vous voir, et m'a recommand

se prépara pour le voyage et suivit Pitois, dont le cheval attendait tout attelé sous le porche de la Rose

e; puis, crac! comme si un ressort partait, voilà que sa langue se dégourdit et qu'il nous conte des choses de l'autre monde... Hier, à travers ses rêvasseries, il n'avait que votre nom dans la bouche. A la brune, il a rattr

emplacement de l'atelier. Xavier le lui avait décrit trop souvent, pour qu'elle ne le reconn?t pas, malgré la nuit. Elle distingua le toit de tuiles et vit de la lumière à travers les vitraux.-Il était là... il travaillait en songeant à elle, peut-être!-Son c?ur se gonfla, et, triste à la pensée de passer si près de l

e foyer sombre où deux tisons se mouraient dans les cendres; seulement le lit était défait, et, dans les couvertures, Eustache Renaudin montrait son profil amaigri et mince comme une lame de couteau. Une chandelle posée sur la table éclairait vaguement la chambre. M. Rena

cha du lit; mais le vieillard ne sembla pas la voir; ses yeux gris contin

cle Renaudin! dit

de son rêve. Ses yeux se tournèrent vers la jeune fille et la

en reculant vers le mur, jamais je ne l'avais vue si nettement que ce soir... Ses yeux sont pleins de reproches et son silence me donne la fièvre... Non, je ne veux plus qu'elle revi

de vous, Monsie

le! répéta Gertrud

sa peur, elle l

a la tête du c?té de sa nièce,

Ah! te voici, petite!... Je m'étais

d'arriver,

ette, mets du bois au feu et laiss

t seuls, il dit à Gertrude de s'asseoir à son c

rement quand on est jeune, et qui deviennent trop lourds quand on se fait vieux... Et je vieillis, Gertrude, je m'affaiblis tous les jours, soupira-t-il en regardant ses longs doigts pales et osseux.-J'ai peut-être encore une dizaine d'années à vivre, tout au plus; puis il me faudra quitter ma maison de l'Abbatiale

nt et respirait avec bruit

r rien et je revendais cher... Ah! c'était le bon temps! le secret était bien là, au fond de ma mémoire, mais si léger!... Il ne pesait pas plus gros qu'une plume, et c'était à peine si, de fois à autre, je le sentais sur ma conscience... Mais quand je suis venu me reposer ici, croyant y jouir tranquillement de ma fortune, je n'ai plus eu ni paix ni trêve. Toutes les choses d'autrefois

r, mon oncle! s'écri

un peu. Il serra les mains de sa nièce dans

était jolie et fière de ses beaux cheveux, pareils aux tiens... C'est cette ressemblance qui m'a tout d'abord intéressé à toi. Elle avait vingt ans et j'en avais trente. Nous étions deux étourdis,

r le mariage. Mais ils étaient pauvres tous deux; Renaudin était égo?ste et ambitieux: un pareil mariage e?t entravé son avenir et gaté sa situation. Il avait quitté B... et s'était établi à Reims. Là, par un soir d'hiver, sa victime était venue de nouveau le supplier. Il avait été sans

up là!-et il montrait un coin du rideau.-Elle a la tête nue, et ses cheveux blonds sont soulevés par le vent; ses yeux sont tristes comme

? interrompit Gertrude

, sa fille, existe encore. Elle a grandi, elle vit à B... da

ez, je suis prête à

e secret le plus absolu, et d'exécuter

e promets,

a morte... Elle est misérable... Tu lui remettras de l'argent, mais tu ne lui diras jamais de quelle part il vient... Tu comprends que si je me nommais, je serais à la merci de ces gens-là. Femme, enfants, mari, j'aurais toute la maisonnée sur les bras... Non,

mon

role... Une parole,

rit une clef sous le trave

et apporte-moi le pre

ses mains amoureusement à travers les louis. Gertrude le regardait ébahie: elle n'avait jamais tant vu de pièces d'or en toute sa vie. M. Rena

eux rien épargner pour tranquilliser mes vieux jours... Quand je saurai que sa fille est à l'abri du besoin, je serai soulagé et je retrouverai mon sommei

le secrétaire et rend

'embrasse!... Et maintenant, va te reposer deux ou trois heures.

lle allait fermer la porte, elle se retourna en entendant M. Renaudin qui l'appelait encore, et elle

posant un long doigt maigre sur se

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