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F. Chopin

Chapter 5 No.5

Word Count: 12974    |    Released on: 04/12/2017

e grands talents à glorifier de nobles sentiments, dans des ?uvres d'art où il

fiées par leurs vies. Quand dans ses productions on voit le c?ur du poète, sentir avec une si exquise délicatesse ce qu'il est doux d'inspirer; deviner avec une si rapide intuition ce que voile l'orgueil, la pudeur craintive, l'ennui amer; peindre l'amour tel que le rêve l'adolescence et tel qu'on en désespère plus tard; quand on voit son génie dominer de si grandes situations, s'élever avec calme au-dessus de toutes les péripéties de l'humaine destinée, trouver dans les entrelacements de ses n?uds inextricab

effables émotions de l'amour que le poète chante, étaient effectivement dégagées des aigreurs et des moisissures qui les empoisonnent d'ordinaire?... En combien elles étaient à l'abri de cette évaporation et de cette inconstance qui habituent à n'en plus tenir compte!... On veut savoir si ceux qui ont ép

entiments, en les faisant vivre dans l'art alors qu'ils n'ont plus d'autre refuge ailleurs. Car, pour beaucoup, ces tristes transactions subies par des esprits qui savent si bien faire resplendir le sublime et si bien stigmatiser l'infamie, servent à prouver avec évidence qu'il y a impossibilité ou niaiserie à

e les discours et les poursuites!... Avec quelle cruelle joie ne citent-ils pas ces exemples aux ames inquiètes et faibles, dont les aspirations juveniles, dont les convictions de la valeur décroissantes essayent encore de se soustraire à ces tristes pactes! De quel fatal découragement celles-ci ne sont-elles pas atteintes devant les violentes alternatives, les séduisantes insinuations, qui se pré

'est point l'ombre de notre imagination, projetée et grandie démesurément sur le plan fuyant de l'impossible! ?La Poésie et la Réalité?-(Dichtung und Wahrheit)-ne sont point deux éléments incompatibles, destinés à se c?toyer sans jamais se pénétrer, de l'aveu même de Goethe qui disait d'un poète contemporain, ?qu'ayant vécu pour créer des poèmes, il avait fait de sa vie un poème!?-(Er lebte dichtend und dichtete lebend). Goethe était trop poète lui-même pour ne pas savoir que la poésie n'existe que parce qu'elle

t déjà en l'assimilant à ces êtres célestes qui sont les messagers de la bonne providence. Quand le génie est départi à l'artiste et au poète, sa mission n'est pas d'enseigner le vrai, de commander le bien, qu'une divine révélation a seule autorité d'imposer, qu'une noble philosophie rapproche de la raison et de la conscience humaines. Le génie de la poésie et de l'art a pour mission de faire resplendir le beau du vrai, devant l'imagination charmée et surélevée; de stimuler au bien par le beau, des c?urs émus, entra?nés vers

ncore par les actes de sa vie; accorder à un même diapason son chant et son dire, son dire et son faire! Il se le doit à lui-même, il le doit à son art et à sa muse, afin qu'on n'accuse point sa poésie d'être un subtil fant?me et son art de n'être qu'un jeu puéril. Le génie du poète et de l'artiste ne peut doter la poésie d'une incontestable réa

de ces exemples aux contours roides, qui n'ont rien d'énigmatique, rien de sinueux, rien de transportant. Tournant vers d'autres l'anxieuse interrogation de leurs regards, ces organisations complexes questionnent ceux qui se sont abreuvés à la bouillante source de douleur, jaillisante au pied des escarpements où l'ame se construit une aire. Elles se libèrent volontiers de

s calmes simplicités du juste, les héro?ques sourires du sto?cisme. Il leur faut de l'exaltation, des émotions. L'image les persuade, les larmes leur sont des preuves, la métaphore leur inspire des convictions! à la fatigue des arguments, elles préfèrent la conclusion des entra?nements. Mais, comme chez elles le sens du bien et du mal ne s'émousse que lenteme

leurs aspirations ont été vivaces et sincères? Pour s'enquérir avec un ingénieux discernement, de ce qui chez eux était un divertissement, une spéculation de l'esprit, et de ce qui formait une constante habitude de sentiment?-C'est à ces heures aussi que le dénigrement, qui à d'autres moments fut écarté et chassé, réappara?t. Pour le coup, il ne ch?me pas; il s'empare avidement des faiblesses, des fautes, des oublis de ceux qui ont flétri les fautes et les faiblesses: il n'en omet aucun

quoi bon prendre au sérieux ces excursions dans un domaine où ne se recueille aucun fruit? Quelle valeur attribuer à ces émotions et à ces enthousiasmes qui n'aboutissent qu'au calcul de l'intérêt, ne recouvrant que les intérêts de l'égo?sme? Qu'est-ce donc que ce pur froment qui ne fait germer que la famine?

ilités d'une organisation pauvre: ainsi que sur les pompeux enorgueillissements de ces fiers sto?ciens, qui ne parviennent pas à répudier, même aussi bien qu'eux, la poursuite haletante de la fortune, avec ses vaines satisfactions et ses jouissances immédiates!... Quel avantage le dénigrement ne s'attribue-t-il pas, dans la concordance logique de ses poursui

en à faire de sa vie le plus beau de ses poèmes? Quels désastreux scepticismes, quels regrettables découragements, quelles douloureuses apostasies, n'entra?nent pas après elles les défaillances de l'artiste? Combien y en a-t-il qui,

ction n'a de forces malfaisantes!-Le mal est contagieux, mais le bien est fécond!-Si les contemporains ont été souvent atteints d'un mortel scepticisme devant le génie en flagrant délit, devant le poète qui se vautre dans les fanges dorées d'un luxe mal acquis, devant l'artiste dont les actions insultent au vrai et outragent le bien, la postérité oublie

e, avant d'avoir flétri ceux qui leur ont ouvert la voie; le prince qui porte indignement un nom déjà illustre, le financier qui verse des flots d'or dans l'insatiable gueule de la corruption! Qu'on applique d'abord sur leur front, le fer rouge de l'infamie. Ceci fait, ce sera justice de procéder contre le poète et l'artiste; mais, pas avant! Qu'ils passent en premier sous les Fourches-Caudines de la honte,

te que celle de sa vie privée. En succombant aux tentations d'un amour impur ou coupable, en acceptant des bienfaits qui font rougir, des faveurs qui humilient, l'artiste n'en a pas moins ceint d'une immortelle auréole l'idéal de l'amour, la vertu et ses renoncements, l'austérité et ses innocences! Ses créations lui survivent, pour faire aimer

virtuelle faculté de rédemption pour leur auteur.-Puisque l'on peut dire de toute bonne action qu'elle est une belle action, l'on peut dire aussi de toute belle ?uvre qu'elle est une bonne ?uvre.-Est-ce que le vrai ne s'en dégage pas nécessairement en quelque manière, à travers les fissures du b

ntra?nant ainsi par leur funeste exemple bien des ames qui eussent pu devenir hautes et sont devenues basses, combien n'y en a-t-il pas à c?té de celles-ci, qu'ils ont secrètement confirmées, encouragées, fortifiées dans le vrai ou le bien, par

l'artiste ne nomme-t-il pas celui dont la vie prouve qu'il n'est pas seulement réservé aux natures apathiques, que ne séduisent aucunes fascinations, que n'attirent aucuns mirages, qui ne sont susceptibles d'aucune illusion, qui se bornent aisément aux strictes observances et aux abstinences routinières des lois honorées et honorables, de préte

e à se faire pardonner des travers, des singularités abruptes, des défauts excusables, mais insupportables. Son imagination était ardente, ses sentiments allaient jusqu'à la violence,-son organisation physique était faible et maladive! Qui peut sonder le

aventures, ni complications, ni épisodes, n'ont marqué dans sa vie qu'il a simplifiée, quoiqu'elle fut dans des conditions qui semblaient rendre ce résultat peu aisé à obtenir. Ses sentiments et ses impressions en formèrent les événements, plus marquants et plus importants pour lui que les changements et les accidents de dehors. Les le?ons qu'il donna constamment, avec régularité et assiduité, furent comme sa tache domestique et journalière, accomplie avec conscience et

vagues enveloppent son image comme une fumée bleuatre, disparaissant sous le doigt indiscret qui voudrait la toucher et la suivre. Il ne s'est mêlé à aucune action, à aucun drame, à aucun n?ud, à aucun dénouement. Il n'a exercé d'influence décisive sur aucune existence. Sa passio

poco spera,

e comprendre, de partager! Peut-être pensait-il, comme quelques ames ambitieuses, que l'amour et l'amitié s'ils ne sont tout, ne sont rien! Peut-être lui a-t-il co?té plus d'efforts pour en accepter le partage, qu'il ne lui en e?t fallu pour ne jamais effleurer ces sentiments et n'en conna?tre qu'un idéal désespéré!-S'il en a été ainsi, nul ne l'a su au juste, car il ne p

lu, conquis, si sa main blanche et effilée avait pu marier des cordes d'airain aux cordes d'or de sa lyre, nul ne le lui a jamais demandé, nul en sa présence n'eut eu le loisir d'y songer! Sa conversation se fixait peu sur les sujets émouvants. Il glissait dessus et, comme il était peu prodigue de ses instants, la causerie étai

nt soyeux, son nez recourbé expressivement accentué, sa stature peu élevée, ses membres frêles. Ses gestes étaient gracieux et multipliés; le timbre de sa voix un peu assourdi, souvent étouffé. Ses allures avaient une telle distinction et ses manières un tel cachet de

rovisations comiques, les formules musicales et les tics particuliers de certains virtuoses; à répéter leur gestes et leurs mouvements, à contrefaire leur visage, avec un talent qui commentait en une minute toute leur personnalité. Ses traits devenaient alors méconnaissables, il leur faisait subir les plus étranges métamorphoses. Mais, tout en imitant le laid et le grotesque, il ne

on talent. Tout Paris se raconta un jour celle qu'il fit à un amphitryon mal avisé, lorsqu'après avoir quitté la salle à manger il lui montra un piano ouvert! Ayant eu la bonhomie d'espérer et de promettre à ses convives, comme un rare dessert, quelque morceau exécuté par lui, il put s'apercevoir qu'en comptant sans son h?te on compte deux fois. Chopin refusa d'abord; fatigué enfin par une insistance désagréa

sent les confidences mélancoliques et les visages assombris, réactions inévitables dans les natures dont on peut dire: Ubi mel, ibi sel. Quoique le monde ne puisse refuser une sorte de respect aux douloureux sentiments qui causent ces réactions, quoiqu'elles aient même pour lui tout l'attrait de l'inconnu et qu'il leur accorde quelque chose comme de l'admiration, il ne les go?te qu'à distance. Il fuit leur approche incommode à

minute de recueillement déroba toujours le secret de son impression première. Les mouvements qui y succédaient, quelque grace de spontanéité qu'il s?t leur imprimer, étaient déjà l'effet d'une réflexion dont l'énergique volonté dominait un bizarre conflit de véhémence morale et de faiblesses physiques. Ce

lait devoir être pour être bien, il arrivait jusqu'à savoir gré des services offerts par une amitié mieux intentionnée que bien instruite, qui contrariait sans s'en douter ses susceptibilités cachées. Ces torts de la gaucherie sont cependant les plus malaisés à supporter aux natures nerveuses, condamnées à réprimer l'expression de leurs emportements et amenées par là à une irritation sourde qui, ne portant jamais sur ses vrais motifs, tromperait fort po

et égard. Il s'entend de soi que, dans le milieu où ses relations intimes le transportèrent peu à peu, il dut renoncer à fréquenter les églises, à voir les ecclésiastiques, à pratiquer tout naturellement la religion, comme cela se fait dans la noble et croyante Pologne où tout homme bien né rougirait d'être tenu pour un mauvais catholique, où il considérerait comme la dernière des injures de s'entendre dire qu'il n'agit pas en bon chrétien. Or, qui ne sait

atante qui étrangle à son tour le vainqueur, n'alimentaient que trop souvent les entretiens politiques dont la Pologne était l'objet. Chopin qui avait si bien appris à l'adorer durant une sorte de trêve dans la longue histoire de ses tortures, n'avait pas eu le temps d'apprendre à ha?r, à rêver la vengeance, à savourer l'espoir de souffleter un vainqueur fourbe et déloyal. Il se contentait par conséquent d'aimer le vaincu, de pleurer avec l'opprimé, de chanter et de glorifier ce qu'il aimait, sans philippiques aucunes, sans excursions sur le domaine des prévisions diplomatiques ou militaires qui, fau

et lui les relations à une bienveillante indifférence, tout à fait indépendante de la conformité des idées. Bien souvent il les laissait s'échauffer et se haranguer entre eux des heures entières, se promenant de long en large dans le fond de la chambre sans ouvrir la bouche. Par moment, son pas devenait plus saccadé; personne n'y prêtait attention, sinon des visiteurs peu familiers

nt aux conditions premières de l'existence sociale étaient débattus devant lui avec de si énergiques emportements, qu'on e?t pu croire notre sort, notre vie ou notre mort, devoir se décider à l'instant même. Il semblait souffrir physiquement lorsqu'il entendait déraisonner si sérieusement, accumuler si imperturbablement les uns contre les autres des arguments également vides et faux, comme s'il avait entendu une

par la sagesse misanthropique de ses vieux ans. Cette fa?on de sentir surprenait alors notre impatience inexpérimentée; mais depuis, elle nous a frappé par sa triste justesse.-?Vous vous persuaderez un jour, comme moi, qu'il n'y a guère moyen de causer de quoi que ce soit avec qui que ce soit?, disait le marquis Jules de Noaill

les Huns modernes, le salut de Rome auquel est attaché celui de l'Europe! Il désespérait de préserver de leurs destructions et de leurs dévastations, la civilisation chrétienne, devenue la civilisation européenne! Il désespérait de sauver de leurs ravages, l'art, ses monuments, ses accoutumances, la possibilité en un mot de cette vie élégante, molle et raffinée, que chanta Horace et que les brutalités d'une loi agraire tuent néce

ns. Les faisant relever de sa compétence et de son appel, il ne laissa jamais de doutes quant à sa manière de les envisager. Pendant quelques années il mit une ardeur passionnée dans ses plaidoyers; c'était celles où la guerre des romantiques et des classiques était si vivement conduite de part et d'autre. Il se rangeait ouvertement parmi les premiers, tout en inscrivant le nom de Mozart sur sa bannière. Comme il tenait plus au fond des choses qu'aux mot

oute sa vivacité sur les questions de littérature et d'art qui s'emparèrent de l'attention et de l'intérêt de tous. Le romantisme fut à l'ordre du jour et l'on combattit avec acharnement pour ou contre. Il n'y eut aucune trêve entre ceux qui n'admettaient pas qu'on p?t écrire autrement qu'on n'avait écrit jusqu

le perfectionnement d'un procédé ne pouvant jamais s'élever jusqu'au mérite de l'invention.-Les autres niaient que le beau p?t avoir une forme fixe et absolue, les styles divers leur apparaissant, à mesure qu'ils se manifestent dans l'histoire de l'art, comme des tentes dressées sur la route de l'idéal: haltes momentanées, que le génie atteint d'époque en époque, que ses héritiers immédiats doivent exploiter jusqu'à leur dernier recoin,

ue le sentiment est tronqué aussi longtemps que la forme, restée imparfaite, intercepte son rayonnement comme un voile opaque. Il soumettait ainsi à l'inspiration poétique le travail du métier, enjoignant à la patience du génie d'imaginer dans la forme de quoi satisfaire aux exigences du sentiment. Aussi, reprochait-il à ses classiques adversaires de réduire l'inspiration au supplice de Procuste, sit?t qu'ils n'admettaien

des tropiques soit remplacée par le mélèze du nord. Il prétendait go?ter le même jour l'Ilyssus de Phidias et le Pensieroso de Michel-Ange, un Sacrement de Poussin et la Barque dantesque de Delacroix, une Improperia de Palestrina et la Reine Mab de Berlioz! Il réclamait son droit d'être pour tout ce qui est beau, admirant la richesse de la

évérance à se libérer des serviles formules du style conventionnel, aussi bien qu'à répudier les charlatanismes qui n'eussent remplacé de vieux abus que par des abus nouveaux plus déplaisants encore, l'extravagance étant plus aga?ante et plus intolérable que la monotonie. Les nocturnes de Fi

u ne prouvaient pas un sincère dévouement à ce progrès, sans désir d'exploitation de l'art au profit du métier, sans poursuite d'effets passagers, de succès surpris à la surprise de l'auditoire. D'une part, il rompit, des liens qu'il avait contractés avec respect, lorsqu'il se sentit gêné par eux et retenu trop à la rive par des amarr

ions que se font les diverses écoles dans la personne de leurs chefs, lesquelles ont introduit au milieu des rivalités, des empiètements, des déchéances et des envahissements des styles divers dans les différentes branches de l'art, des négociations, des traités et des pactes, semblables à ceux qui forment le but et les moyens de la diplomatie, aussi bien que les

it lui plaisait; ce qui s'en éloignait obtenait à peine justice de lui. Rêvant et réunissant en lui-même les qualités souvent opposées de la passion et de la grace, il possédait une grande s?reté de jugement et se préservait d'une partialité mesquine. Il ne s'arrêtait guère devant les plus grandes beautés et les plus grands mérites, lorsqu'ils blessaient l'une ou l'autre des faces de sa conception poétique. Quelque admiration qu'il e?t pour les ?uvres de Beethoven, certaines parties lui en parais

éloignement. En musique, comme en littérature, comme dans l'habitude de la vie, tout ce qui se rapproche du mélodrame lui était un supplice. Il repoussait le c?té furibond et frénétique du romantisme; il ne supportait pas l'ahurissement des effets et des excès délirants. ?Il n'aimait pas Shakespeare sans de fortes restrictions; il trouvait ses caract

primer les sentiments qu'à condition d'en laisser la meilleure partie à deviner. Si, ce qu'on est convenu d'appeler le classique dans l'art, lui semblait imposer des restrictions trop méthodiques, s'il refusait de se laisser garrotter par ces menottes et glacer par ce système conventionnel, s'il ne voulait pas s'enfermer dans les symétries d'une cage, c'était pour s'élever dans les nues, chanter comme l'alouette plus près du bleu du ciel, ne devoir jamais descendre de ces hauteurs. Il e?t voulu ne se livrer au repos qu

aimait précisément dans Mozart le défaut qui lui fit encourir le reproche que son père lui adressait après une représentation de l'Idoménée: ?Vous avez eu tort de n'y rien mettre pour les longues oreilles?. La gaieté de Papageno charmait celle de Chopin; l'amour de Tamino et ses mystérieuses épreuves lui semblaient dignes d'occuper sa pensée; Zerline et Mazetto l'amusaient par leur na?veté raffinée. Il comprenait les vengeances de Donna Anna, parce qu'elles ne ramenaient que plus de voiles sur son deuil. à c?té de cela, son sybaritisme de pureté, son appréhension du lieu-commun étaient tels, que même dans Don Juan, même dans cet imm

re également à l'épreuve des lassitudes et des leurres, en même temps que l'auxiliaire efficace qu'apporte à une cause le mérite des ouvrages qu'elle peut revendiquer. Chopin accompagna ses hardiesses de tant de charme, de mesure et de savoir, qu'il fut justifié d'avoir eu confiance en son seul génie par la prompte

ayant même produit de belles ?uvres dans lesquelles il s'y était astreint, il ne la secouait qu'avec l'à-propos d'une justesse savamment méditée. Il avan?ait toujours en vertu de son principe, sans se laisser emporter à l'exagération ni séduire aux transactions, délaissant volontier

toutes celles qui, en étant vives, se font rarement jour. Mais, sit?t qu'il vit son opinion avoir assez d'adhérents pour régner sur le présent et dominer l'avenir, il se retira de la mêlée, laissant les combattants s'assaillir dans des escarmouches moins utiles à la cause qu'agréables aux gens qui aimen

n. Comme eux, fier d'y avoir été appelé, il desservait ses rites avec une piété émue. Ce sentiment s'est révélé à l'heure de sa mort dans un détail, dont les m?urs de la Pologne nous expliquent seules toute la signification. Pa

le moins de concerts, voulut pourtant être mis au tombeau dans les habits qu'il y avait portés. Un sentiment naturel et profond, découlant d'une source intarissable d'enthousiasme pour son art, a sans doute dicté ce dernier v?u, alors que, remplissant fervemment les derniers devoirs du chrétien, il quittait tout ce que de la terre il ne pouvait emporter aux cieux. Longtemps ava

avec eux, sans aucune interruption, des rapports fréquents, qu'il entretenait avec un grand soin. Sa s?ur Louise lui était surtout chère; une certaine ressemblance dans la nature de leur esprit et la pente de leurs sentiments, les

être agréable à Varsovie et y envoyait continuellement des petits riens, modes ou babioles nouvelles. Il tenait à ce qu'on conservat ces objets, si futiles, si insignifiants qu'ils fussent, comme pour être toujours présent au milieu de ceux à qui il les destinait. De son c?té, il attachait un grand prix à toute preuve d'affection venue de ses parents. Recevoir de le

is de suite aux mêmes lieux pour leur faire voir les curiosités de Paris, sans jamais témoigner d'ennui à ce métier de cicerone et de badaud. Puis, il donnait à d?ner à ces chers compatriotes, dont la veille il avait ignoré l'existence; il leur évitait toutes les menues-dépenses, il leur prêtait de l'argent. Mieux que cela; on voyait qu'il était heureux de le faire, qu'il éprouvait un vra

fuser un d?ner ou faire part de légères informations, plut?t que de s'en épargner la peine au moyen d'une petite feuille de papier. Son écriture resta comme inconnue à la plupart de ses amis. On dit qu'il lui est arrivé de s'écarter de cette habitude en faveur de ses belles compatriotes fixées à Paris, dont quelques-unes possèdent de charmants autographes de lui, tous en polonais. Cette infraction à ce qu'on e?t pu prendre pour

t?t la grace, qui à leur dire fait défaut aux mots fran?ais. Si on leur demande le sens d'un vers, d'une parole citée par eux en polonais,-Oh! c'est intraduisible!-est immanquablement la première réponse faite à l'étranger. Viennent ensuite les commentaires, qui servent surtout à commenter l'exclamation, à expliquer toutes les finesses, tous les sous-entendus, tous les contraires renfermés dans ces mots intraduisibles! Nous en

nt échapper à la fatigue d'une habileté de diction, indispensable dans une langue pleine de soudaines profondeurs et d'un laconisme si énergique, que l'à-peu-près y devient difficile et la banalité insoutenable. Les vagues assonances de sentiments mal définis sont incompressibles dans les fortes nervures de sa grammaire. L'idée n'y peut sortir d'une pauvreté singulièrement dénudée, tant qu'elle reste en de?à des bornes du lieu-commun; par contre, elle réclame une rare précision de

des appartements; aimant beaucoup les fleurs, il en ornait toujours le sien. Sans approcher de l'éclatante richesse dont à cette époque quelques-unes des célébrités de Paris décoraient leurs demeures,

le go?t du bien, l'inclination vers l'honnête, le respect de la vertu, la foi en la sainteté, Chopin ne perdit jamais cette na?veté juvénile qui permet de se trouver agréablement dans un cercle dont la vertu, l'honnêteté, la respectabilité, font les principaux frais et le plus grand charme. Il aimait les causeries sans portée des gens qu

autre. Personne d'entre les Parisiens n'était à même de comprendre cette réunion, accomplie dans les plus hautes régions de l'être, entre les aspirations du génie et la pureté des désirs. Encore moins pouvait-on sentir le charme de cette noblesse infuse, de cette élégance innée, de cette chasteté

oins du monde que des faits, qu'il appelait les écarts du génie, étaient élevés à la hauteur d'un culte envers la déesse Matière! Le lui e?t-on dit mille fois, jamais on ne lui e?t persuadé que la rudesse baroque des manières, le parler sans-gêne des appétits indignes, les envieuses diatribes contre les riches et les grands, étaient autre chose que le manque d'éducation d

tableaux prosa?ques de la ville, où les passions sont excitées et surexcitées à chaque pas, les organes rarement flattés. Ce que l'on y voit, ce que l'on y entend, ce que l'on y sent, frappe au lieu de bercer, fait sortir de soi, au lieu de faire rentrer en soi. Chopin en souffrait, mais ne se rendait pas compte de ce qui l'offusquait, aussi longtemps que des

ait, de cette liberté rustique si fort de son go?t. La promenade ne l'ennuyait pas; il pouvait beaucoup marcher et roulait volontiers en voiture. Il observait et décrivait peu ces paysages agrestes; cependant il était aisé de remarquer qu'il en avait une impression très vive. à quelques mots qui lui échappaient, on e?t dit qu'il se sentait plus près de sa patrie en se trouvant au milieu des blés, des prés, des haies, des foins, des fleurs des champs

on organisme qui s'étiolait au milieu de la fumée et de l'air épais de la rue! Plusieurs de ses meilleurs

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