Histoire des Musulmans d'Espagne, t. 1/4
mment nomades, sans communauté d'intérêts, sans centre commun, ordinairem
emie, comme la pierre écrase le blé; d'immoler des victimes, non de celles dont l'offrande pla?t au ciel[17]. La bravoure dans les combats, c'était le meilleur titre aux éloges des poètes et à l'amour des femmes. Celles-ci avaient pris quelque chose de l'esprit martial de leurs frères et de leurs époux. Marchant à l'arrière-garde, elles soignaient les blessés, et encourageaient les guerriers en récitant des vers empreints
ie aurait été infailliblement subjuguée par un conquérant étranger, si elle n'e?t été trop pauvre pour mériter la peine d'être conquise. ?Que trouve-t-on chez vous? disait le roi de Perse à un prince arabe qui lu
uise; mais elle le fut par un Arabe, p
les plus solitaires, toujours tourmenté par une inquiétude vague, pleurant et sanglotant comme une femme quand il était indisposé, sujet à des attaques d'épilepsie, manquant de courage sur le champ de bataille, son caractère formait un bizarre contraste avec celui des Arabes, ces hommes robustes, énergiques et belliqueux, qui ne comprenaient rien à la rêverie et regardaient comme une faiblesse honteuse qu'un homme ple
es peuples qui ont adopté l'islamisme, une énorme différence. Il ne faut pas s'en étonner. Considérée dans sa source, la religion a plus de prise sur l'imagination que sur l'esprit, et chez l'Arabe, comme nous l'avons remarqué, ce n'est pas l'imagination qui prédomine. Voyez les Bédouins d'aujourd'hui! Quoique musulmans de nom, ils se soucient médiocrement des préceptes de l'islamisme; au lieu de prier cinq fois par jour, comme la religion le leur ordonne, ils ne prient jamais[19]. Le voyageur européen qui les a connus le mieux, atteste que c'est le peuple le plus tolérant de l'Asie[20]. Leur tolérance da
t qu'une connaissance très-superficielle. Le calife Al? n'exagérait pas trop quand il disait en parlant d'une tribu parmi laquelle cette religion avait cependant jeté le plus de racines: ?Les Taghlib ne sont pas chrétiens; ils n'ont emprunté au christianisme que la coutume de boire du vin[23].? Le fait est que cette religion renfermait trop de mystères et de miracles pour plaire à ce peuple positif et railleur. Les évêques qui, vers l'an 513, voulurent convertir Mondhir III,
s si leurs prédictions ne s'accomplissaient pas ou s'ils s'avisaient de les dénoncer, trompaient les idoles en leur sacrifiant une gazelle quand ils leur avaient promis une brebis, et les injuriaient s'ils ne répondaient pas à leurs désirs, à leurs espérances. Quand Amrolcais se mit en marche pour aller venger la mort de son père sur les Beni-Asad, il s'arrêta dans le tem
esque jamais. Ecoutons Tarafa! ?Dès le matin, quand tu te présenteras, dit-il, je t'offrirai une coupe pleine de vin; et, aurais-tu déjà savouré cette liqueur à longs traits, n'importe, tu recommenceras avec moi. Les compagnons de mes plaisirs sont de nobles jeunes gens, dont les visages brillent comme des étoiles. Chaque soir, une chanteuse, parée d'une robe rayée et d'une tunique couleur de safran, vient embellir notre société. Son vêtement est ouvert sur sa gorge. Elle laisse les mains amoureuses se promener librement sur ses appas.... Je me suis livré au vi
asme religieux. C'est ainsi que les vingt mille chrétiens de la ville de Nedjran, ayant à choisir entre le b?cher et le juda?sme, avaient mie
e sa mission. Mahomet ne recueillit partout que plaisanteries et injures. Les Mecquois, ses concitoyens, le plaignaient ou le raillaient; on le considérait tant?t comme un poète inspiré par un démon, tant?t comme un devin, un magicien, un fou. ?Voici le fils d'Abdallah qui vient nous apporter des nouvelles du ciel,? se disait-on quand on le voyait venir. Quelques-uns lui proposaient, avec une bonhomie apparente, de faire venir à leurs frais des médecins qui tacheraient de le guérir. On jetait sur lui des ordures. Quand il sortait de chez lui, il trouvait son chemin couvert de branches d'épines. On
eligion finirait par dispara?tre sans laisser de traces, lorsque Mahomet trouva un appui inespéré parmi les Aus et
rale et le commerce les seules occupations dignes d'un homme libre, cultiver la terre était une profession avilissante. Or, les Médinois étaient agriculteurs, et les Mecquois, marchands. Et puis il y avait quantité de juifs à Médine; plusieurs familles des Aus et des Khazradj avaient adopté cette re
i qu'en voyant le soc d'une charrue dans la demeure d'un Médinois, il dit à ce dernier: ?Jamais un tel objet n'entre dans une maison sans que la honte y entre en même temps[27].? Mais désespérant de convertir à sa doctrine les marchands et les nomades de sa propre race, et croyant sa vie menacée depuis que son oncle et son protecteur,
fenseurs, firent des prodiges de vaillance. La lutte entre eux et les pa?ens de la Mecque se prolongea pendant huit ans. Dans cet intervalle, la terreur que les armes musulmanes répandaient partout, décida plusieurs tribus à adopter les nouvelles croyances; mais les conversions spontanées, sincères et durables furent peu nombreuses. Enfin la conquête de la Mecque vint mettre le sceau à la puissance de Mahomet. Ce jour-là les Médinois s'étaient promis de faire payer cher à ces orgueilleux marchands leur insupportable mépris. ?C'est aujourd'hui le jour du carnage, le jour où rie
r idole Lat et qu'ils ne prieraient pas. ?Trois ans d'idolatrie, c'est trop long; et qu'est-ce qu'une religion sans prières?? leur dit Mahomet. Alors les députés réduisirent leurs demandes; on marchanda longtemps; enfin les deux parties contractantes s'arrêtèrent à des conditions telles que celles-ci: les Thak?f ne payeraient point de d?me, ne prendraient point de part à la guerre sainte, ne se prosterneraient point pendant la prière, conserveraient Lat une année encore, et, ce terme passé, ils ne seraient pas obligés de briser cette idole de leurs propres mains. Cependant Mahom
e Mahomet persistait à garder le silence: ?Ecris cela, c'est convenu,? reprit le Thak?fite en s'adressant à l'écrivain. Celui-ci regarda le Prophète, de qui i
Prophète, s'écria-t-il; que Di
ns, reprit le député thak?fite sans
avez à embrasser l'islamisme purement et simplement, et à en observe
r Lat pendant six mois encore, di
N
t un mo
pendant
s de soldats musulmans qui détruisirent Lat au milieu d
rsque plus tard l'Arabie entière abjura l'islamisme, les Thak?fites
ans le Nadjd, dans le Yémama, dans le Yémen. Chacune de ces trois provinces eut son soi-disant prophète, émule et rival de Mahomet, et sur son lit de mort ce dernier apprit que, dans le Yémen, l
esque universelle. Partout les insurgés eurent le dessus; chaque jour on vit arriver à Médine des officiers musulmans, des Réfugiés et des Défens
utent la volonté de Mahomet.? S'il e?t consenti à transiger, il aurait pu acheter par quelques concessions la neutralité ou l'alliance de plusieurs tribus du Nadjd, dont les députés vinrent lui dire que, s'il voulait les exempter de l'imp?t, elles continueraient de faire les prières musulmanes. Les principaux musulmans étaient d'avis de ne point rebuter ces députés. Seul Abou-Becr répudia toute idée de transaction, comme indigne de la sainte cause qu'ils avaient à défendre. ?La loi de l'islamisme, dit-il, est une et indivisible, et n'admet pas de distin
n plusieurs divisions, qui, peu nombreuses au moment du départ, se grossirent en route par l'adjonction d'une foule d'Arabes que la peur ou l'espoir du pillage ramena sous les bannières musulmanes. Dans le Nadjd, Khalid, aussi sanguinaire qu'intrépide, attaqua les hordes de Tolaiha, qui auparavant comptait pour mille hommes dans une armée, mais qui, cette fois, oubliant son devoir de guerrier et ne se souvenant que de son r?le de prophète, attendait, loin du champ de bataille et en
s plusieurs heures d'une résistance opiniatre, les insurgés sont enfoncés de toutes parts. ?Au clos, au clos!? crient-ils, et ils se retirent vers un vaste terrain ceint d'un mur épais et muni d'une porte solide. Les musulmans les suivent, altérés de sang. Avec une audace inou?e, deux d'entre eux enjambent la muraille et se laissent tomber dans l'intérieur du clos pour en ouvrir la
ir, atteignirent le rivage de la mer et se réfugièrent dans l'?le de Darain. Bient?t les musulmans vinrent les y traquer, et les égorgèrent tous. Même carnage dans l'Oman et dans le Mahra, dans le Yémen et dans le Hadhramaut. Ici les débris des bandes d'Aihala-le-Noir, après avoir en vain demandé quartier au général musulman, fu
upeur, ils se résignèrent à être musulmans, ou du moins à le para?tre; et le calife, pour ne pas leur laisser le temps de revenir de leur effroi, les lan?a aussit?t sur l'empire romain et la Perse, c'est-à-dire sur deux Etats faciles à conquérir parce qu'il
eux nuits l'une, et qu'en retour le jeune homme garderait son troupeau. Ce pacte singulier étant venu aux oreilles du calife, il fit compara?tre ces deux hommes et leur demanda s'ils ne savaient pas que l'islamisme défendait de partager sa femme avec un autre. Ils jurèrent qu'ils n'en savaient rien[29]. Un autre avait épousé deux s?urs. ?Ne savais-tu pas, lui demanda le calife, que la religion ne permet pas de faire ce que tu as fait?-Non, lui répondit l'autre, je l'ignorais complétement, et j'avoue que je ne vois rien de répréhensible dans l'acte que vous blamez.-Le texte de la loi est formel, cependant. Répudie sur-le-champ l'une des deux s?urs, ou je te coupe la tête.-Parlez-vous sérieusement?-Très-sérieusement.-Eh bien, c'est alors une détestable religion que celle qui défend de telles choses, et jamais je n'en ai retiré aucun avantage!? Le malheureux ne
la sienne: ?la Bible, et rien que la Bible;?-de nos jours les Wahabites ont aussi essayé, mais en vain, d'arracher les Bédouins à leur indifférence religieuse. Ils ont rarement usé de violence, et ils ont trouvé des partisans dévoués parmi les Arabes sédentaires, mais non pas parmi les Bédouins, qui ont conservé le caractère arabe dans sa pureté. Quoiqu'ils partageassent les vues politiques des novateurs, quoique les tribus placées plus immédiatement sous le contr?le des Wahabites fussent obligées d'observer avec
ils ne pardonnèrent pas à ceux qui l'avaient faite, et n'acceptèrent pas non plus la hiérarchie sociale qui en résul
age[36].? Il avait dit encore: ?Les hommes sont égaux comme les dents d'un peigne; la force de la constitution fait seule la supériorité des uns sur les autres[37].? Mais il avait dit aussi: ?Ceux qui étaient nobles sous le paganisme restent nobles sous l'islamisme, pourvu qu'ils rendent hommage à la véritable sagesse? (c'est-à-dire, pourvu qu'ils se fassent musulmans)[38]. Ainsi Mahomet eut parfois la velléité d'abolir la noblesse; mais il ne le put ou ne l'osa pas. La noblesse subsista donc, conserva ses prérogatives, et resta à la tête des tribus; car Mahomet, l
r à un étranger, ou ne lui obéissaient pas du tout. Aussi Mahomet et Abou-Becr s'étaient-ils presque toujours conformés à cet usage[44]; ils investissaient de leur autorité les hommes dont l'influence personnelle était déjà reconnue, et sous Omar, on voit les Arabes exiger
gouvernement, à la fois temporel et spirituel, p?t se fier. Quelle confiance pouvait-il placer dans les chefs de tribu, toujours peu orthodoxes et parfois athées, comme cet Oyaina, le chef des Fazara, qui disait: ?Si Dieu existait, je jurerais par son nom que jamais je n'ai cru en lui[50]?? La préférence accordée aux Emigrés et aux Défenseurs était donc naturelle et légitime; mais elle n'en était pas moins blessante pou
nseil du calife[51]. Abou-Becr, il est vrai, avait voulu lui faire prendre part aux délibérations; mais Omar s'était énergiquement opposé à ce dessein, et son avis avait prévalu[52]. Nous allons voir que cette aristocratie tacha d'abo