icon 0
icon TOP UP
rightIcon
icon Reading History
rightIcon
icon Sign out
rightIcon
icon Get the APP
rightIcon

Les Demi-Vierges

Chapter 10 10

Word Count: 4556    |    Released on: 30/11/2017

oirie qui ont rendu méconnaissable presque toute la rive gauc

er d'h?tels spéciaux, fréquentés par des prêtres en voyage, par des religieuses en obédience, par quelques pieuses familles de province aussi, lesquelles y sont adressées par l'évêque de leur endroit. Dans ces h?tels, les chambres ont un air d'infirmerie, avec les plafonds à solives échampis de blanc, les lits à flèche d'où tombent les rideaux de calicot, les sujets de piété ornant la cheminée et les murailles. La propreté y est étriquée et méticuleuse: on est tout surpris que la femme de chambre ne porte pas la cornette, la guimpe et le crucifix battant les genoux au bout d'un long chapelet. Pour salle à manger, un vrai réfectoire, avec la vaisselle lourde, les grosses carafes, le linge parfaitement net, étoilé de rep

nt. Celle de Maxime, plus petite, regardait les jardins de couvent et le décor, en arrière-plan, du grand séminaire. Vraie chambre d'un Tiberge arrivant à Paris et attendant la rentrée au séminaire. Sous l'angle des rideaux blancs, le lit étroit ne devait abriter que des sommeils paisibles, des sommeils de science et de piété, purs de toute mauvaise image. Le mobilier, en noyer verni, c'était ce lit, la petite

oubliant les heures à regarder un portrait de Maud, à repenser à telles minutes exceptionnelles passées près d'elle, -- ou ramassé sur lui-même dans une horrible et douloureuse rêv

e de dégo?t contre soi, contre la femme instrument à sensations, payée pour cela, l'avait guéri, soumis à l'abstinence. La gourme était jetée. Maxime n'en demeurait pas moins un sentimental doué d'un tempérament brutal, impérieux. L'obsession de la femme aimée devint tout de suite pour lui aigu?, monomaniaque. Il souffrait de son absence et de sa présence, irrité qu'elle ne f?t pas là à toute heure, irrité de sa propre gaucherie qui, près d'elle, le paralysait, lui ?tait le courage de mendier une caresse, dans la peur de déplaire. Et, par contrecoup, il souffrait de l'effondrement de sa volonté, du désordre présent de son énergie. Ce n'était pas ainsi, il en était s?r, -- un sens droit, une ferme conscience le lui proclamaient, -- qu'on devait aller au mariage, d'avance immolé à l'épouse

?" N'importe ! Il acceptait cette destinée hors de ses go?ts, hors de ses projets. Il se laissait tra?ner chez les couturières, chez les modistes, chez les tapissiers de Paris, l'ame engourdie d'une tristesse lourde, infinie, comme un soldat brave à qui l'on ferait casser des pierres sur une route, un jour de bataille, mais paré à tout, acceptant tout pour demeurer plus longtemps dans le parfum de Maud, la regarder et lui parler. Même après les mauvaises journées, où l'anxiété l'avait rendu le plus taciturne, quand il la quittait, quand il pensait: "Jusqu'à demain je ne la verrai plus !" il se sentait si effroyablement délaissé, si dégo?té des minutes de sa vie où elle ne participait pas, qu'il faisait amende honorable, qu'il se frappait le coeur comme un pénitent, s'accusait de mal aimer, adorant les caprices de l'amie et n'ayant plus de force que pour vouloir une chose: qu'elle f?t là toujours

de Maud, malgré le mépris que tout honnête homme garde à la dénonciation anonyme, malgré sa volonté et son

e ma ma?tresse ? Que sais-je de sa pensée ?" Ah ! si intime et si abandonnée qu'elle vous soit apparue, l'homme raisonnable sait bien qu'il ne sait jamais tout ! Le doute et la défiance ce sont la raison même, car une ame est un mystère pou une autre ame: c'est la confiance qui est l'abdication, le volontaire aveuglement. Voilà ce que rappelle à l'amant le plus croyant l'infame papier sans sign

puérile aujourd'hui ! La menterie en est manifeste; il sait bien, connaissant à présent ce monde, que Julien de Suberceaux n'est pas épris de Marthe de Reversier... Encore une étape, c'est le d?ner de Chamblais, l'inoubliable et romanesque promenade sur cet étang magique, parmi cette clarté de rêve, lune et brume, l'hiver et le printemps fondus dans une tiédeur délicate, et le premier baiser qu'il tente, et auquel elle se dérobe. Pourquoi ? Par innocence, par pudique révolte ? Il l'a pensé alors. Mais l'industrieuse raison se fait ironique: "Allons donc ! parmi ces petites jouisseuses et ces débauchés professionnels, une jeune fille, même sage, ne s'effare pas d'un baiser sur le front !" Alors quoi ? C'était le coup de glaive dans son coeur: "Elle aime l'autre... Elle a horreur d'un contact qui n'est pas le sien. Pourrais-je, moi, effleurer seulement une autre femme ?..." Si inexpérimenté qu'il f?t à l'amour d'une jeune fille, il aimait trop, avec une sensibilité trop éveillée, pour ne pas souffrir de cet invincible effroi rétractile que ses tentatives de caresses provoquaient chez Maud. Mais, conduit à cette constatation par la logique de ses réflexions, il se réveillait, il se révoltait, il ne voulait plus croire: c'était trop douloureux aussi, trop effroyable à imaginer que celle qu'il adorait e?t horreur de lui: c'était plus affreux encore que la pensée d'être trahi. Il se for?ait de nouveau à se rassurer: "Comme elle est douce avec moi, comme elle cherche évidemment à ne pas me déplaire !... Durant toute mon absence, n'a-t-elle pas renoncé au monde ?... Ne vit-elle pas maintenant à part des gens qui l'entouraient ? Ne m'a-t-elle pas dit ce qu'elle en pensait avec tant de sincérité ?

s complexe et plus inquiet: elle avait seulement éprouvé, en aimant ellemême de tout son coeur, que l'amour ne va pas sans mélancolies, sans angoisses, et elle se disait: "Il aime trop sa fiancée, il est impatient..." Cela n'étonnait pas son ame honnête qui avait été en même temps extrêmement passionnée, mais pour un seul être humain, pour son mari: bon mari, ardent avec un peu d'inconstance, qu'elle servit et chérit en esclave amoureuse, et qu'elle pleurait depuis sept ans avec les chaudes larmes du lendemain de la mort... Jeanne n'avait même pas cette expérience pour expliquer le désarroi moral de son frère. Elle ne voyait qu'une chose: il souffrait, il souffrait depuis qu'il connaissait Maud, donc il souffrait par elle. N'ayant connu, toute sa jeunesse, d'autre ami que ce frère, son véritable éducateur, et quel éducateur tendre et fervent ! elle n'e?t pas été femme si un levain de jalousie n'e?t germé dans son coeur contre l'autre jeune fille qui lui volait Maxime. Elle domina ce sentiment par abnégation de chrétienne, le jugeant malsain, coupable...mais sa résolut

s, ses blanches arcades encore échafaudées ! Que d'après-midi elles passèrent dans l'ombre discrète, pailletée de mille cierges allumés, de Notre-Dame des Victoires ! Elles demandaient ardemment le bonheur de l'a?né, la digne perpétuation de la famille par une fidèle gardienn

che, Maxime, si chaste, d'une vie si droite, élevé religieusement, ne priait plus, parce qu'il ne croyait plus... A peine homme, la foi s'en était allée de lui, comme tombent les cheveux à quelques-uns, sans cause apparente,

e la prière ne lui venait même pas: s

qui devait arriver: une dernière lettre eut raison de s

e ! Si vous n'êtes pas un enfant ou un fou, trouvez-vous aujourd'hui, jeudi, entre cinq et six heures, rue de la Baume, en vue d'une petite porte de fer, la seconde, en venant

étique à qui l'on dit: "Vous ne souffrirez plus après la piq?re..." A cinq heures, il était rue de la Baume. Il vit entrer celle qu'il prit pour Maud; il attendit cinq quarts d'heure devant la porte de fer, quand elle fut entrée. Cinq quarts d'heure durant lesquels il eut la certitude que Maud était là, dans les bras de Suberceaux... Cinq siècles ? Point. Ce ne fut ni long ni court, ce ne fut pas du temps à proprement dire: toute catégo

eté, avait des doublures à ce premier r?le, des obéissantes qui venaient au moindre signe et occupaient les heures devenues libres, atroces d'énervement. Dès que Maud implorée par lui l'avait averti qu'elle ne venait pas, il avait tél

folie. Sa mère et sa soeur l'attendaient, pou le d?ner qu'ils prenaient à une petite table, dans la salle commune du rez-de-chau

les dames à cheveux blancs, les prieures en cornette, les grands gaillards à barbe et à soutane se scandalisèrent quelque peu, sans doute, de la gaieté qui régnait à cette table de trois convives, si morne d'habitude, et où l'on osa, ce soir là

t. Quand, le lendemain, il eut avoué, et que le premier baiser un peu consenti de Maud e?t scellé la rémission, sa fièvre s'apaisa. La journée s'acheva dans cette parfaite accalmie; tout conspirait pour l'embellir: le sourire du ciel, la sérénité des visages, l'espoir d'un bonheur proche où chacun prendrait sa part. Rentré dans sa chambr

alme, fermait ses yeux sous le poids d'un sommeil pesant

Claim Your Bonus at the APP

Open