5.0
Comment(s)
38
View
31
Chapters

Ariadne by Henry Gréville

Chapter 1 No.1

La première classe était plongée dans les douceurs de l'étude, comme d'ailleurs l'institut tout entier. Le lourd soleil d'ao?t brillait sur les toits de t?le verte et se reflétait dans les vitres des immenses fenêtres à demi fermées; un souffle d'orage grondant au loin arrivait par bouffées, et la voix somnolente du professeur détaillait les causes de la décadence de la maison d'Autriche aux élèves à moitié endormies.

Les trois premières de la classe, les plus intelligentes, spécialement favorisées du ma?tre, griffonnaient assid?ment les brouillons qui devaient leur valoir des notes brillantes aux examens de fin d'année,-ceux qui précéderaient leur sortie de l'institut, et, par conséquent, leur retour dans la famille. La dame de classe, vieille fille pédante et guindée, continuait au crochet un interminable couvre-pieds dont personne dans l'établissement n'avait vu le commencement, et, de temps à autre, son ?il vigilant et soup?onneux parcourait les rangs de son troupeau juvénile.

Soudain, dans ce milieu somnolent, correct et routinier, il arriva un événement extraordinaire, dont n'avaient jamais été témoins les murailles de l'institut de demoiselles placé sous le patronage de S. A. I. madame la grande-duchesse X... Le professeur resta bouche bée, les élèves pouffèrent de rire, et la dame de la classe se leva de toute sa hauteur, surprise et indignée... pendant que les dernières vibrations d'une gamme chromatique, filée avec une douceur exquise par une belle voix de contralto, allaient s'éteindre sur les cartes murales frissonnantes d'indignation entre leurs rouleaux de bois noir.

-Ranine! tonna la dame de classe.

La jeune fille ainsi interpellée par son nom de famille, suivant l'usage des instituts, se tint debout, la tête basse, prête à recevoir sa mercuriale.

-Venez ici, Ranine, dit la dame de classe;-ici,-son index mena?ant indiquait la chaire en bois verni où tr?nait d'un air ahuri le professeur encore mal revenu de sa stupéfaction,-venez ici et faites vos excuses à M. le professeur.

La délinquante s'approcha à tout petits pas, les bras pendants, la tête baissée, écrasée, pour ainsi dire, sous le poids non de sa honte, mais de son opulente chevelure blond cendré, aux reflets dorés comme les épis lors de la moisson.

-Pourquoi vous permettez-vous de chanter pendant l'heure de la le?on? interrogea la dame de classe, sans attendre même que la coupable f?t arrivée auprès d'elle.

Celle-ci fit encore deux pas, s'arrêta devant la chaire, leva timidement ses yeux gris foncé sur le professeur, et sans répondre directement:

-Je vous prie, monsieur, dit-elle d'une riche voix de contralto, je vous prie sincèrement d'agréer mes excuses. Je ne voulais pas troubler la le?on, je ne l'ai pas fait exprès.

La classe entière avait attendu la fin de cette phrase dans le recueillement de la malignité qui espère,-recueillement auquel rien ne peut se comparer. Le dernier mot provoqua une tempête de fou rire, fort heureusement contenue par la présence de la redoutable dame de classe.

-Comment! pas exprès! s'écria celle-ci au comble de l'indignation. Est-ce qu'il arrive de ne pas chanter exprès? Vous vous moquez de vos supérieurs, Ranine, cela vous co?tera cher.

La jeune fille secoua légèrement ses épaules nues qu'encadrait à merveille la robe brune très-décolletée, uniforme des instituts de Russie.

-Je n'y peux rien, dit-elle; je regrette, mademoiselle et monsieur, d'avoir causé du scandale, mais ce n'est pas ma faute; quand j'ai envie de chanter, cela me fait mal ici,-elle porta la main à son cou rond et blanc comme de la crème,-et il faut que je chante; sans cela, j'étouffe.

Le professeur, de plus en plus ahuri, regarda la dame de classe comme pour s'assurer de la lucidité d'esprit de mademoiselle Ranine; mais la dame de classe avait fourré héro?quement son crochet au c?ur de sa pelote de coton, indice des plus grandes colères, et s'était croisé les bras par-dessus le couvre-pieds.

-C'est bien, mademoiselle, nous en reparlerons, proféra-t-elle majestueusement. Retournez à votre place.

Ariadne Ranine, en retournant à sa place, la dernière et la plus mauvaise, récolta sur son passage bon nombre de quolibets charitables.

-Je vous disais donc, mesdemoiselles, reprit le professeur en ajustant sur son nez camus un pince-nez récalcitrant, que, parmi les causes de la décadence de la maison d'Autriche, il faut mettre en première ligne...

Mais cette gamme chromatique, inopinément survenue au milieu des malheurs de la maison d'Autriche, l'avait si fort bouleversé, qu'il oublia deux causes importantes de cette fatale décadence; il s'en aper?ut, pataugea, fit une le?on déplorable et mit un zéro à mademoiselle Ranine;-or, le zéro et ?très-mal?, c'est absolument la même chose. La pauvre fille n'avait pourtant pas ouvert la bouche,-hormis pour chanter.

* * *

Continue Reading

Other books by Henry Gréville

More

You'll also like

My Dad's Bestfriend

My Dad's Bestfriend

Lizzie Writes
5.0

18+, strong mature, and sexual content. Sneak peek: "W-what are you doing?" I asked, my breathing getting heavier as his warm fingers inched towards my bikini bottom. "You called me a coward earlier, remember?" He asked, his other hand wrapped around my throat and lips torturingly brushing over mine "So let's see how much you can handle if I break the boundaries." "I haven't said anything wrong," I breathed out, the collision of the heat of our bodies made the wetness between my thighs build more "Oh really?" He hooked my legs around his waist leaving me surprised I opened my mouth to say something but before any sentence could leave my mouth, sliding past my bikini bottom his fingers were there on my bare clit and the next second they thrust inside the very tight hole of mine leaving me to scream. But everything went silent as he pressed his hot lips upon mine just as I had been wanting since the first day I had ever seen him. **** I always knew the things I felt for Jacob Adriano were wrong in so many ways. He was my dad's best friend, totally out of bounds but I couldn't stop wanting him. And once in the event of my dad's destination wedding, I came across him after years...I lost every one of the boundaries I had and surely I planned to make him lose his ones too. After all Jacob Adriano, the sinfully attractive Italian was not unaware of my obsession with him. But little did know that forbidden relationships always bring havoc and demolition.....

Chapters
Read Now
Download Book