Les pilotes de l'Iroise
ssa
t à bas prix! Lorsque les pêcheurs de sardines, de la c?te voisine, abordaient les bateaux d'Ouessant, que de pipes se chargeaient! combien de gorgées de rum se fl?taient entre les marins de Camaret ou de Douamenez, et ceux de l'?le privilégiée! C'était à Ouessant, cette autre Cythère des consommateurs, qu'il fallait aller vivre pour trouver le bonheur. Mais les paisibles habitants de ce
e se perpétue guère ailleurs. On raconte que c'est au naufrage d'un navire qui amenait des petits bidets arabes en Angleterre, que les na
ssent leurs c?tes, ils portaient dans toutes leurs habitudes l'empreinte sauvage des moeurs des anciens Armoricains, leurs ancêtres; mais aussi avec ces moeurs ils avaient su conserver les vertus natives de leurs pères: le vol était ignoré chez eux; jamais ils ne fermaient leurs portes contre leurs voisins; et si parfois de malheureux naufragés venaient à franchir le seuil de leurs humbles foyers, ce seuil devenait inviolable, comme la loi, q
ble au fond de l'eau: une bouée flottante, comme celle que l'on amarre sur les casiers de pêche, révélait aux fraudeurs de Plymouth le point où ils devaient tirer des eaux leur chapelet de barillons. Les c?tres de la douane anglaise, quelquefois plus alertes
, à la tranquillité dont elle jouissait, qu'elle était éloignée de deux mille lieues de cette France que décimait la guillotine, et que voulaient vendre à l'étranger les tra?tres de l'émigration. Mais dès que l'Angleterre dé
elins. Tout lui réussissait. C'était lui qui qui faisait la meilleure pêche: les plus gros navires, il les abordait toujours le premier, pour les conduire au port. Le bonheur donne de l'
s de pieds d'eau? Faites brasser plus pointu un peu, car le
ez-vous du t
t-ce pas, mon capitaine? Eh bien,
u'il f?t, notre ma?tre pilote s'
avais bien dit hier, hein? Voyez-v
pilote; vous
ne, est une belle chose; mais la pratique, c'est tout... Voulez-vous dire, sans vous commander, au ma?tre d'équipage, de
ancien patron, il ne lui prenait jamais envie de lutter de vitesse, et de forcer de voiles, pour aborder le premier un navire, sur lequel avait déjà orienté ma?tre Tanguy. L
sept à huit années ont passé, depuis leur arrivée dans l'
comme il l'appelait. Pour celui-ci, courant, comme sa petite soeur, dans les bateaux pilotes du pays, il cherchait, à un age où les autres savent à peine comment ils existent, à se rendre utile aux bonnes gens chez qui il avait trouvé une famille. Le matin, avant que la Croix-du-bon-Dieu appareillat, il disposait tout à bord, pour que son patron n'e?t qu'à lui dire de larguer les amarres. Pendant le temps qu'on passait à la mer, il gouvernait l'embarcation quand le temps était beau, ou il s'occupait à vider le fond du bateau, quand la lame embarquait à bord. De son c?té, la pauvre Jeannette rendait dans la barque de Jea
l recevait à bord des navires que son bateau accostait. Rencontrait-on l'un des deux enfants sur la c?me des rochers ou sur les bords arides de la mer, on était s?r de voir
ateau. Cavet, qui depuis long-temps attendait le retour de sa soeur bien aimée, la demande en vain. Jean-Marie entra?ne Ta
ait fait venir à son bord, pour avoir du poisson. Ce matin, ce même vaisseau, courant une bordée à terre, m'aper?oit. Une espèce de pressentiment me disait de me défier ce jo
soeur est morte
e Tanguy. Les Anglais l'auraient-ils
?t sur le gaillard d'arrière; il avait déjà vu dans mon bateau la petite Jeannette, à qui il avait fait beaucoup de caresses: cette foi
fait la traite des blancs? As-tu vend
la pauvre petite. Le commodore me dit avec colère, que cette enfant n'est pas à moi, et qu'il sait qu'elle appartient à une famille
ots, le pauvre frère de la jeune victime. Allons porter nos plaintes au maire, au commandant de place et à notre curé
servira-t-il? leur de
ira à nous fair
et ses pièces de trente-six, a quelque droit sur ces chiens d'Anglais,
plus de gouvern
erniers mots:-Demain, je m'en vais à bord du vaisseau anglais avec mon petit Cavet, et je dirai au commodore: Vous dites que l'enfant que vous avez prise appartient à une famille anglaise. Eh bien, voilà son frère: voule
tre Tanguy, au premier Anglais,
ans la tête. Ils ont vu déjà ce que c'était que l'amitié d'un Bas-Breton: ils sauront bient?t, avec la protectio
toujours sa soeur. La division anglaise louvoyait encore à trois lieues au nord d'Ouessant. Dès que le pilote aper?ut le vaisseau commandant à la tête des autres batiments ennemis, il se dirigea vers lui; mais l'amiral ne mit pas en pann
lote de c
pilote; je suis depuis vi
conséquent le
ssez, peut-être, le fond
marée sera-t-elle p
avoir cela aussi bien que moi,
donc, tu me pilo
a tête, et en hésitant à répondre au capitai
rse de cent guinées te sera remise. Si tu jettes, par ignorance ou par méchanceté, la frégate sur les écueils du p
c pas que dans mon pays on me fusillera
ifier, que tu n'as cédé
t; mais comptez-les moi en attendant, cela me donnera du coeur, et vous serez toujours ass
euvre commen?a alors; mais le capitaine anglais commanda au pilote de se tenir assis sur le bastingage, pendant que lui, monté sur un
isposés à faire feu dès qu'elle sera rendue à portée de leurs pièces. Mais de quelle consternation ne sont pas frappés les pilotes, lorsqu'à la longue vue ils reconnaissent, à la croix noire que porte la grande voile du bateau de Tanguy, que c'est lui qui pilote le batiment ennemi! Quoi! c'est ainsi, disent-ils, qu'il se venge de ces Ang
pistolet que le capitaine tient obstinément appuyé sur sa tête, se présente à son oeil effrayé. Notre pauvre homme tremblait de tous ses membres, et se repentait déjà de la résolution hardie qu'il avait prise dans un moment où il était loin d'avoir calculé les dangers auxquels son projet l'exposerait. C'est tout au plus s'il lui restait assez
sa direction, le manque, et au même instant, notre pilote s'élance à la mer, plonge sous l'eau, et reparait à dix brasses du bord: les coups de fusil sifflent sur sa tête, qui sort des flots; il dispara?t encore; son bateau, resté jusque-là près de la frégate, aper?oit un homme à la mer: il court sur lui; la frégate lance quelques paquets de mitraille sur la Croix-du-bon-Dieu, qui s'éloigne d'elle; les voiles de la barque sont criblées, sa coque percée; mais la barque court toujours à terre, et elle a le bonheur de sauver son patron sous la grêle de boulets et de bisca?ens, qui fait jaillir la mer autour d'elle. Pauvre frégate, si bien espalmée quelques minutes auparavant, si bien disposée au combat, et si fringante dans sa voilure et sa haute mature! Abandonnée par le pilote qui la faisait passer comme une anguille entre les roches et les rescifs du Four, elle glisse avec la vitesse d'un poisson vers une basse terrible qui va la dévorer, comme ces monstres des mers que
, sortent aussit?t pour recueillir les lambeaux de la f
rendre dans ce petit port. Mais, toujours fidèle à cet amour national qu'ont surtout les insulaires, il aima mieux faire quatre lieues pour arriver à Ouessant, qu'une seule lieue pour aborder au Conquet. C'est dans sa patri
par les boulets et sa coque mitraillée, fut un véritable triomphe. Apr
u as bien mérit
part à son excellence monseigneur le
s, au nom du père, du
Tanguy: Viens-t'en te changer,
épéter, avec l'accent du regret et de l'admirat
patron, un peu remis de ses émotions de gloire
re d'eau-de-vie! Vous l'avez baptisé et rebaptisé avec de l'eau et du sel, n'est-ce pas? Moi, je viens de le baptiser
e frégate à la c?te, pourquoi n'avez-vous pas cherché à sauver u
é! je ne sauve jamais
patriotes, remplis d'un saint respect pour lui, et d'un tendre
in en main autour de la table, avec les verres dont on lui faisait avaler le reste malgré lui.-C'est bien, tout cela! s'écria son père: mais cet enfant, qui est malin comme un singe, ne sait pas encore lire, et ?a me fait honte pour lui. Les Anglais m'ont donné cette bourse de cent guinées pour les noyer; je ne leur ai pas volé leur arge
ous les pilotes. Et
e, le pauvre enfant, depuis qu'il n'a plus sa pauvre Jeannette, soit éduqué à Brest, et qu'il
nguy qui sera chargé de recevoir un demi-écu tous les m
rie, et ceux-ci, malgré eux, sentaient couler sur leurs joues, déjà enluminées, des larmes de bonheur et d'attendrissement. Il fut décidé, assemblée tenante, que ma?tre T